Coop de France Auvergne a présenté, le 17 février 2016 à Clermont-Ferrand, un référentiel « pour une gouvernance stratégique des coopératives agricoles ». Cet outil téléchargeable sur le site internet www.refcoopagri.org « permet de pointer les évolutions nécessaires à ces structures » dans lesquelles le lien à l’adhérent s’émiette à mesure qu’elles se développent. Il permettra d’alimenter la réflexion des acteurs de la gouvernance. Il a été réalisé par deux docteurs en science de gestion : Xavier Hollandts, enseignant à la Kedge Business School, et Bertrand Valiorgue, enseignant à l’École universitaire de management de l’Université d’Auvergne.
Engager les coop dans une démarche de progrès
Confrontés à divers enjeux comme le sociétariat de masse, la concurrence entre les enjeux mondiaux et locaux ou encore le développement durable, les coopératives agricoles doivent réfléchir au modèle de gouvernance qui leur est le plus approprié. Le référentiel est un « outil » pour amorcer « un travail critique de fond » sur les pratiques, même si ces dernières sont très hétérogènes et varient d’une coopérative à une autre, et « engager une démarche de progrès collectif ».
Évolutions du monde agricole et impacts sur la gouvernance des coopératives
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Sociétariat de masse
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Intégrer l’ensemble des sociétaires dans un contexte de dilution de la propriété |
• Délitement du sentiment d’appartenance • Attentes hétérogènes des adhérents • Éloignement avec les élus • Complexité des structures • Coût de l’animation démocratique |
Dilemme global-local
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Arbitrage complexe entre la production et la commercialisation |
• Instabilité politique • Critique récurrente des arbitrages stratégiques • Effort de légitimation • Convaincre les adhérents |
Développement durable
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Nourrir la planète et réduire les impacts sur l’environnement |
• Faire évoluer les structures de production • Convaincre la base • Vision de long terme du métier • Formation et compétences des agriculteurs |
Smart farming
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Rendre intelligible les données et offrir de nouveaux services |
Rendre intelligible les données et offrir de nouveaux services • Transformation de la relation à l’adhérent |
Les trois pouvoirs de la gouvernance coopérative
La gouvernance correspond à l’ensemble des institutions, des règles et des pratiques qui encadrent le pouvoir de décision des dirigeants et organisent les relations avec les adhérents de la coopérative. Trois pouvoirs sont en interaction et doivent être équilibrés afin de garantir le bon fonctionnement de la gouvernance et la performance de la coopérative : le pouvoir souverain, le pouvoir exécutif et le pouvoir de surveillance.
Le pouvoir souverain des adhérents
Le pouvoir souverain des adhérents d’une coopérative agricole s’exprime de deux manières complémentaires : représentative et participative.
« Si ce pouvoir domine les deux autres, la coopérative est orientée vers une satisfaction immédiate des besoins de ses membres. Elle risque de ne pas se développer économiquement et les adhérents paieront tôt ou tard ce déficit de développement », estiment les auteurs du référentiel.
Le pouvoir de surveillance des administrateurs
Le pouvoir de surveillance consiste à vérifier que les conditions sont réunies pour que l’équipe dirigeante puisse développer un projet stratégique créateur de valeur conforme à la vocation et la mission de la coopérative. Le pouvoir de surveillance se trouve au carrefour de l’expression du pouvoir souverain et du pouvoir exécutif. « Si ce pouvoir domine les deux autres, la coopérative est fortement politisée et les dirigeants sont trop contrôlés. La coopérative n’est pas suffisamment innovante et son développement est bridé. »
Le pouvoir exécutif des dirigeants
Le pouvoir exécutif consiste à implémenter des stratégies de création de valeur en lien avec la vocation et la mission de la coopérative. Pour mener à bien cette tâche fondamentale, le dirigeant et son équipe doivent bénéficier d’une indispensable autonomie. Si ce pouvoir domine les deux autres, la coopérative est centrée sur l’interne et les performances de l’outil industriel sans se soucier suffisamment des adhérents. On observe une coupure entre le fonctionnement réel de la coopérative et les attentes des adhérents. Seul un équilibre entre ces trois pouvoirs permet un développement plein et entier de la coopérative.