Yusube Oyabu s’est installé il y a cinq ans sur la ferme familiale proche de Kumamoto, ville de 700 000 habitants au cœur de l’île de Kyushu, au sud du Japon. Il y travaille avec ses parents.

« Les éleveurs n’ont pas la main sur le prix de leur lait. Transformer au moins une partie de notre lait réduit notre vulnérabilité. J’ai donc choisi de développer un atelier de transformation distinct de la production laitière elle-même en commençant par des crèmes glacées, car ma mère en fabriquait déjà et possédait une petite clientèle. J’achète le lait à mon père. Il me le vend 130 yens le litre, contre 100 yens à la laiterie, car je ne lui prends que le lait de ses vaches jersiaises nourries avec un aliment français riche en oméga 3. » La ferme Oyabu appartient en effet aux pionniers de la filière bleu blanc cœur au Japon qui, pour l’année 2015, en a expédié 116 t en containers. « Nous avons senti une différence. Déjà, nous avions choisi le lait des jersiaises et non celui des holsteins de mon père, car les yaourts sont bien plus onctueux. Et nous avons gagné encore en onctuosité depuis que les vaches consomment des oméga 3. »

À la recherche de nouvelles textures

L’éleveur a effectué un stage en Bourgogne, car il est très francophile comme beaucoup de Japonais. Il produit et vend, par exemple, des savons au lait en forme de tour Eiffel ! Mais, surtout, il cherche de nouvelles idées pour élargir sa gamme et pense que l’expérience des producteurs français pourrait l’aider.

« Nous produisons de la crème, différents yaourts, notamment en pots de porcelaine, des yaourts glacés que les Américains appellent des frozen yogurts, et des glaces classiques. Mais je suis à la recherche de nouvelles textures et j’ai commencé à interroger des universitaires. Par exemple, pourquoi ne pas imaginer des yaourts pétillants ? », se demande Yusube, qui met toujours au point ses propres produits. Il travaille d’ailleurs avec un éleveur de poules pondeuses incorporant également des oméga 3 dans l’alimentation de ses animaux pour produire des desserts.

Pour l’instant, il transforme 120 l par jour, environ 10 % de la production de son père. Le succès de son atelier lui a permis d’embaucher trois personnes : une à la production, la deuxième au magasin, et la troisième à la livraison. « Nous bénéficions de la proximité de la ville et les clients viennent acheter au magasin installé à l’entrée de la ferme. Nous livrons aussi à plusieurs restaurants assez proches et à des magasins. En cinq ans, nous avons beaucoup gagné en réputation et, désormais, nous expédions des produits dans tout le Japon. » Très japonais dans le goût du détail, le magasin propose une décoration soignée autour du thème de la vache. Des poufs, aux taches noires sur fond blanc, sont à disposition des acheteurs désireux de consommer sur place.