Cet été, les touristes qui visiteront les boutiques du Parc national des Cévennes (PNC) ou celles des producteurs y trouveront des chaussettes, des plaids et des objets en feutre produits avec la laine des brebis du pays. « Vendue brute à un collecteur à 0,30 €/kg, la laine ne paye pas le tondeur. Nous voulons lui redonner sa noblesse en la transformant », affirme Rémi Leenhardt, qui élève 150 brebis raïoles à Valleraugue, dans le Gard.
Un produit noble
Le déclic est venu de jeunes éleveurs, engagés dans les circuits courts, qui souhaitaient élargir leur gamme de produits. « Avec l’appui d’un technicien du PNC, nous avons commencé par organiser des chantiers de tonte collectifs au printemps 2015. Nous avions besoin de réapprendre à prendre soin de la laine et à trier les différentes qualités », explique Rémi. Puis durant l’été, un petit groupe d’éleveurs a suivi une formation sur la laine, ses caractéristiques, ses usages, ainsi que sur les entreprises qui la transforment.
« La laine de nos raïoles a du ressort, du gonflant. Elle convient bien à la fabrication de matelas ou de couettes. Mais les brins les plus longs peuvent aussi être filés puis tricotés ou tissés, et les plus courts transformés en feutre », détaille Catherine Binot, présidente du syndicat des éleveurs de brebis raïoles. Dans l’hiver, celui-ci a vendu 50 couettes par souscription, à un prix de 165 à 400 € en fonction de la taille. Avec cette trésorerie, il a pu collecter 4 100 kg de laine, en vendre 2 800 kg en gros à 0,90 €/kg et en faire transformer à façon 1 300 kg.
La laine a été lavée par l’entreprise Laurent Laine à Saugues, en Haute-Loire, qui a fabriqué aussi les couettes. « C’est la dernière unité de lavage dans le sud. Ce sera du vrai made in France », note Rémi. Une entreprise de Mazamet, dans le Tarn, a assuré le filage, et deux autres le tricotage et le tissage. Les produits porteront la marque collective Raïolaine. « C’est un premier test. Nous attendons de voir les retours des consommateurs. Mais nous espérons bien récupérer un peu de valeur ajoutée, tout en faisant parler de la brebis raïole », ajoute Catherine.