La récolte 2016 restera sans nul doute dans les annales pour son côté atypique. Excès de pluie et manque de luminosité ont en effet compromis une moisson dont le potentiel s’annonçait encore élevé fin mai. Résultat : de médiocres rendements tant en blé qu’en orge (lire « À la Une » p. 16). Du « jamais vu par les anciens », même si toutes les exploitations ne sont pas touchées de la même façon. Cette moisson jugée catastrophique devrait aboutir à une chute de l’ordre de 25 % de la récolte française de blé tendre. Et compte tenu de la dégradation des critères physiques des grains, un gros travail devra être fait par les organismes stockeurs pour valoriser au mieux la récolte.

Mais si les rendements chutent, les prix ne s’annoncent pas pour autant sous les meilleurs auspices. En effet, les autres grands pays producteurs de blé prévoient de bonnes récoltes. Les agriculteurs français risquent donc de se voir infliger une « double peine », avec une baisse des volumes et des prix bas. Il va leur falloir faire face à la chute du chiffre d’affaires et aux problèmes de trésorerie. D’autant que pour certains céréaliers, les difficultés économiques s’accumulent depuis plusieurs campagnes. Face à cette situation, le ministre a annoncé un plan de soutien. Mais il faudra agir vite et être pragmatique, notamment en matière d’aide à la trésorerie, pour permettre aux exploitations d’enclencher la nouvelle campagne. Et dans ce contexte exceptionnel, l’assurance climatique devra aussi couvrir, en matière de risque « excès d’eau », les risques « sanitaires et qualité ». Pour ce dispositif, ce sera « une année test et un tournant », n’hésitent pas à dire des responsables céréaliers. Pragmatisme également de rigueur pour certains assouplissements, comme l’obligation de Cipan. Mais la filière aussi devra faire des efforts, y compris les firmes. Des coopératives ont déjà annoncé des mesures adaptées pour aider leurs adhérents. Il en va de la capacité du secteur à rebondir.