«Je n'avais qu'une envie, reprendre le travail. Pour me prouver que j'en étais capable. » Ce que Christophe Troncy, 41 ans, réalisera en février 2012, progressivement, après l'amputation de sa jambe droite, le 29 juin 2011. « Le mi-temps thérapeutique n'existe pas en agriculture ! Je l'ai mis en place tout seul », explique-t-il. Appareillé avec une prothèse en carbone, dont la partie équivalent au genou est équipée d'un boîtier électronique, il mène désormais une activité professionnelle quasiment normale, moyennant un certain nombre d'aménagements réalisés sur l'exploitation.
Christophe Troncy est en EARL avec son beau-père et son épouse. Une exploitation de polyculture-élevage de 180 ha, avec un atelier vaches allaitantes de 85 mères limousines, située à Lixières, en Meurthe-et- Moselle. C'est en voulant nettoyer sa moissonneuse, ce matin du 29 juin, que Christophe glisse. La machine tournant toujours, la vis lui attrape la jambe et la broie. Un voisin, alerté par ses cris, le sauvera. L'amputation au-dessus du genou est inévitable. Il restera 45 jours à l'hôpital
L'APPUI DE LA MSA
Les aménagements ont été réalisés avec l'appui constant de Jean- Michel Mineur, du service prévention de la MSA Lorraine qui a monté le dossier et sollicité les intervenants (lire page 49). « Chez Christophe Troncy, les aménagements ont atteint 51 000 , dont 29 000 de prise en charge. Il touche une rente d'invalidité mensuelle dont le taux définitif est encore en discussion. »
Les trois tracteurs disposent désormais d'une manette qui actionne les freins. Le télescopique, déjà à boîte automatique, est muni d'un accélérateur à main. Le véhicule utilitaire est équipé d'un embrayage à main. C'est une société des environs de Metz, Handi-Auto-Adapt, qui a réalisé ces adaptations. Christophe Troncy a apporté au garage de cette entreprise chaque engin pour les modifications. Incapable de remonter dans la moissonneuse avec laquelle il avait eu l'accident, il l'a revendue. Sur celle qu'il a rachetée, il a fait réaliser une inversion des pédales.
Pour la surveillance des vêlages, le bâtiment a été doté d'une caméra évitant à l'agriculteur de se lever inutilement la nuit et de remettre sa prothèse. Des passages d'homme ont été réalisés dans les box et un chien de troupeau l'aide à manipuler les animaux
« J'ai tellement bien accepté ma prothèse que je l'oublie », souligne Christophe Troncy, qui précise tout de même avoir plus souffert à l'appareillage de la prothèse que pendant l'accident lui-même. L'an passé, il a participé à une course pour personnes handicapées avec une autre prothèse, en titane, adaptée à ce type d'épreuve.