Les dix dernières années ont été marquées par une baisse de 20 % des actifs permanents de l'agriculture selon Agresteá(1). Ils sont passés de 1,3 million à 966.000.

Si le nombre de salariés permanents non familiaux (154.900 en 2010) recule un peu, leur poids dans l'ensemble de ces actifs progresse : ils passent de 12 % à 16 % du total, au détriment de la main-d'oeuvre spécifiquement familiale.

Les saisonniers et les emplois occasionnels fournissent 10 % de la main-d'oeuvre totale, soit 78.900 UTA (voir ci-dessous). Si on totalise l'ensemble des formes de salariat, plus de la moitié des exploitations agricoles sont concernées à un moment donné par le recrutement.

 

 

L'élevage demandeur

Il reste qu'il est de plus en plus difficile de recruter la perle rare. Les secteurs de l'élevage en particulier peinent à trouver des salariés, même pour des postes permanents.

Gilles Duquet, éleveur dans le Jura, est secrétaire général de l'Association nationale pour l'emploi et la formation en agriculture, l'Anefa. Cette association paritaire est présidée par Jocelyne Marmande, représentante des salariés.

L'Anefa a pour mission d'attirer du personnel vers les métiers de l'agriculture, de développer l‘emploi agricole, de former et fidéliser les salariés.

Elle propose une bourse et travaille étroitement avec Pôle emploi : « Nous arrivons à satisfaire 50 % des offres agricoles. L'autre moitié reste en attente. Les secteurs du maraîchage ou viticole peinent aussi, même s'ils puisent dans le réservoir de leurs saisonniers. »

Selon Gilles Duquet, chaque année, à cause du turn-over (des jeunes salariés qui s'installent à leur compte, ceux qui quittent l'agriculture ou changent d'exploitation), ce sont 50.000 postes en CDI qui sont à pourvoir. Sans parler des offres saisonnières, qui touchent plus de 860.000 personnes (2).

Une image du métier trop décalée

Selon une étude menée par la direction des affaires sociales de la FNSEA, l'image des métiers de l'agriculture est idéalisée : travail passion, en plein air, en liberté. Mais elle est loin des réalités et ne facilite pas le recrutement.

Gilles Duquet poursuit : « Peu de jeunes connaissent la réalité et la diversité de nos emplois. L'étiquette “métier manuel” est vite associée à métier difficile, peu payé. Pourtant nos équipements sont modernes.

Les tâches sont très diverses entre la production, la gestion et la commercialisation. Nous payons comme dans la grande distribution. Et la diversité de nos métiers permet une évolution des responsabilités. »

Un guide des métiers réactualisé

L'Anefa soigne son travail de communication, comme la rédaction d'un guide des métiers qui sera réactualisé à l'occasion du salon de l'agriculture de 2013. Elle a sensibilisé les agents de Pôle emploi.

« Un chauffeur de moissonneuse-batteuse, ce peut être un ouvrier qui travaillait avant dans le BTP. Une femme qui s'est formée aux métiers des chevaux peut trouver une place dans les autres élevages », rappelle Gilles Duquet.

Dans les départements, les initiatives se multiplient auprès des employeurs souvent peu formés au recrutement et à l'emploi de main-d'oeuvre : rédaction d'un guide d'accueil, formation pour rédiger des fiches de poste, réflexion sur les attentes des salariés, cafés-emploi organisés sur le principe des speed-dating.

« Nous avons affaire à un nouveau public. Avant, nous recrutions, en milieu rural. Maintenant nous étendons nos recherches au milieu urbain. Ces salariés ont tout à découvrir. Ils ont des exigences nouvelles en termes de vie quotidienne, de loisir.

Nous devons soigner l'accueil. On ne naît pas employeur : on le devient. Or beaucoup d'entre nous n'avaient jamais recruté. Cela s'apprend. Il faut identifier les besoins, distinguer les compétences essentielles des secondaires. Les polyvalents, cela n'existe plus. »

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(1) Agreste primeur de janvier 2012 et Graphagri 2012.

(2) Selon les statistiques 2011 transmises par la MSA, 989.000 personnes (deux tiers d'hommes et un tiers de femmes) ont eu un contrat d'emploi en agriculture tout type de contrats confondus. Cela correspond à 278.082 équivalents temps plein.