La masse d'informations collectées par le robot de traite (production, débit, fréquence et temps de traite, comptage cellulaire, colorimétrie, conductivité, TB, TP, poids, rumination, activité, consommation de concentrés, etc.) ne sont pas restituées telles quelles à l'éleveur. Les constructeurs proposent désormais des logiciels qui traitent les données et les présentent sous forme de tableaux de bord, à l'instar des logiciels de gestion du troupeau. Les écrans de contrôle affichent des indicateurs clés, ainsi que les vaches suspectes. Lely et GEA Farm Technologies (ex-Westfalia) mettent en avant les animaux à problème sous forme d'alertes, tandis que DeLaval affiche des données globales sur le troupeau, avant de les décliner animal par animal. Chaque système présente un avantage. Voir tout de suite des alertes est un gain de temps. Consulter les données animal par animal permet d'intervenir en amont. Dans tous les cas, il est possible de visualiser l'ensemble des données brutes de chaque animal. « Près de la moitié des éleveurs utilise presque toutes les données et autant consultent les principaux indicateurs au quotidien », constate Didier Leroy de Conseil élevage lait du Loir-et-Cher.
HUIT À DIX INDICATEURS
« Les éleveurs nous disent : “Avant, je n'avais aucune information au quotidien pour piloter mon troupeau. Aujourd'hui, j'en ai beaucoup.” Au début, cela leur fait un peu peur, explique Hervé Célard, de Lely. Mais ils suivent une formation avant l'installation du robot et nous les accompagnons lors de la mise en route. Les premiers jours, un technicien est présent sur l'exploitation et il leur montre quels indicateurs consulter sur l'ordinateur. Généralement, huit à dix suffisent pour la gestion du troupeau au quotidien et cette liste peut être personnalisée. Si un indicateur est dans le rouge, l'éleveur visualise la « liste d'attentions » en cliquant dessus, autrement dit les vaches suspectées de pathologies. »
ARBRE DE DÉCISION
Chez DeLaval, « nous créons un arbre de décision avec l'éleveur lors de l'installation du robot, explique Édouard Alix. Par exemple, si une vache apparaît en chaleur mais que sa production dépasse un niveau déterminé par l'éleveur, il est décidé qu'elle ne sera pas inséminée. Elle n'apparaîtra donc pas dans la liste des vaches à inséminer. Plus le troupeau est important, plus l'arbre de décision présente un intérêt : si on a le temps d'analyser les données pour chaque vache quand il y en a 40, ce n'est plus le cas pour un troupeau de 150 têtes ! Lorsqu'il consulte son ordinateur, l'éleveur voit immédiatement les vaches à risque, classées selon les pathologies suspectées : cétose, mammite, etc. Le logiciel propose aussi des actions à réaliser, vache par vache, qui sont élaborées conjointement avec le vétérinaire. »
L'OeIL DE L'ÉLEVEUR
Le robot enregistre énormément de données mais il ne remplace pas l'oeil de l'éleveur. C'est ce dernier qui doit confirmer les alertes. « Une hausse de la conductivité ne signifie pas forcément qu'il y a une mammite, c'est peut-être une chaleur, rappelle Hervé Célard. Le logiciel croise les données et donne des indicateurs, l'éleveur les valide et décide. Grâce aux informations que lui fournit le robot, il peut diagnostiquer plus facilement les problèmes. » L'éleveur reste propriétaire de ses données. Il peut en autoriser l'accès à distance grâce à des identifiants, par exemple au bénéfice de son vétérinaire ou de son conseiller.
Outre celles liées à la production, les informations collectées se sont enrichies au fil du temps : pesée, rumination, rapport TB/TP, activité... Des outils sont utilisés plus ponctuellement, comme le suivi de la reproduction et le carnet sanitaire. « Chaque action a un impact sur le fonctionnement, illustre Philippe Couëdic, de GEA. Ainsi, enregistrer un traitement antibiotique dans le carnet sanitaire entraîne automatiquement le tri du lait. » « Nous développons de nouvelles fonctionnalités que les éleveurs réclament, précise Hervé Célard. Par exemple, ils veulent un outil pour calculer le quota restant à produire ou pour estimer l'heure de vêlage exacte. »