En 2011, le sorgho fourrager a comblé le déficit en stocks de Joël Donnedieu. A la tête d'un troupeau de 50 limousines à Vigeois, en Corrèze, il s'est retrouvé fort démuni au printemps dernier devant ses granges et ses silos à moitié vides. « Il fallait trouver une solution », explique-t-il. Cette situation est très inhabituelle pour Joël, dont les stocks sont toujours excédentaires. Chaque année, il vend même une partie de sa récolte de foin.

« Deux solutions s'offraient à moi, récapitule Joël. Soit semer quelques hectares de maïs supplémentaires pour gonfler le silo, soit opter pour une culture en dérobée. J'ai jugé qu'il était trop tard pour le maïs, je me suis tourné vers la deuxième solution. Après la récolte du triticale, j'ai donc semé 1,5 ha de sorgho. C'était la seule dérobée disponible chez mon fournisseur de semences. »

75 JOURS DE VÉGÉTATION

Après un labour, le semis a été effectué le 30 juillet à raison de 25 kg/ha. « J'ai profité de la fraîcheur du sol », assure-t-il. D'autant que le sorgho est lent au démarrage. « Il ne faut pas perdre de vue non plus les 75 jours de végétation indispensables pour atteindre des rendements suffisants », ajoutent Stéphane Martignac et Christophe Capy, conseillers à la chambre d'agriculture.

2011 aura toutefois été propice à la « dérobée ». En cours de culture, Joël a réalisé un apport de 50 u d'azote par hectare. Il n'y a pas eu de gelées avant le 10 octobre, date à laquelle le sorgho a été récolté et les 90 mm de pluie tombés en août ont participé au bon développement de la plante. A la récolte, la culture mesurait environ 1,80 m. « Il était temps, ajoute Joël, car il fallait préparer le terrain pour l'orge. Je l'ai donc fauchée, puis laissée sécher pendant une journée. » Le lendemain, le sorgho était endainé, bottelé et enrubanné. « Le fanage n'est pas conseillé car il apporte des souillures », précisent les conseillers. Mieux vaut utiliser des filets car cela évite que les tiges percent le film d'enrubannage.

« J'ai récolté environ 20 t de fourrage brut par hectare, sachant qu'il était très vert et ne contenait que 21 % de MS. Je l'ai distribué en libre-service aux vaches pendant un mois en fin de gestation, en disposant trois bottes dans le râtelier : une de foin, une d'enrubannage de prairies et une de sorgho. Cela m'a permis d'économiser le stock de foin et d'atteindre le mois de janvier sans encombre pour passer à la ration « lactation », à base d'ensilage de maïs.

Joël n'aura peut-être par recours au sorgho fourrager l'année prochaine. « Sauf si je n'arrive pas à constituer mes stocks de façon satisfaisante, comme en 2011 », indique-t-il. J'ai toutefois semé de l'orge cet automne. La récolte, plus précoce que le triticale, devrait me laisser plus de souplesse pour implanter une dérobée.