Les gens viennent pour découvrir, pas pour critiquer », explique Jean-Philippe Menant, éleveur de porcs à La Ferrière-de-Flée (Maine-et-Loire). Le 15 octobre dernier, il a ouvert toutes grandes les portes de son élevage. Le matin, à l'attention d'une vingtaine d'élus et de décideurs ; l'après-midi, pour le grand public. Pointeur en main, 350 visiteurs ont été accueillis dans cette seconde partie de journée. Un afflux ressenti comme un succès pour les 22 personnes mobilisées, dont 7 éleveurs. « Bien sûr, il y a toujours la question de l'odeur mais, pour le reste, nous n'avons eu que des remarques positives, se félicite l'éleveur. L'échographie en direct d'une truie a beaucoup plu, tout comme l'installation photovoltaïque, qui a suscité beaucoup de questions. Les gens sont agréablement surpris par la propreté des installations et la technicité de notre métier. »
Gratuite, la visite d'une heure et demie était calée sur le cycle d'élevage. Elle a débuté dans la maternité pour s'achever devant une vitrine de produits finis issus du porc. « Une telle opération permet de véhiculer une image positive de notre métier, de faire contrepoids avec celle qui est largement reprise dans les médias et qui veut que le porc, ça pollue et ça sent mauvais. Des journées comme celle-ci, il faut en organiser régulièrement. »
PRÉSENTER L'AGRANDISSEMENT
Jean-Philippe Menant n'en est pas à son coup d'essai. Au printemps 2009, il avait déjà ouvert les portes de son élevage. Mais uniquement à l'attention des élus de la Ferrière-de-Flée et de ses proches voisins. A l'époque, il voulait présenter l'élevage de 150 truies avec engraissement partiel et, surtout, le projet d'agrandissement pour lequel une demande d'autorisation d'exploiter venait d'être déposée. Estimé à 1,25 million d'euros, l'investissement allait permettre de passer à 210 truies et d'engraisser la totalité des porcs. Outre un bâtiment d'engraissement, le projet intégrait notamment la construction d'un bâtiment aux normes « bien-être » pour les truies gestantes. « A l'issue de cette journée, nous nous étions promis que, si notre projet voyait le jour, nous referions une visite pour remercier les gens qui nous avaient soutenus. »
En attendant, la procédure suivait son cours. Soumis à enquête publique en octobre et novembre 2009, le projet du Gaec a subi un certain nombre d'attaques. « On nous a demandé pourquoi nous ne passions pas en production biologique, suggéré de déplacer notre élevage sur un autre canton ou d'utiliser des engrais chimiques plutôt que le lisier. Nous avons tout entendu ! » De son côté, une des sept communes concernées par le plan d'épandage de 220 hectares a donné un avis défavorable. « Ils auraient préféré qu'on méthanise. » Incertaine, la situation s'est dénouée le 26 avril 2010, seize mois après le dépôt du dossier. L'autorisation d'exploiter a été accordée par 14 voix pour et 4 contre. « On a démarré les travaux le 2 mai. » Et très vite repris l'idée de la porte ouverte. « Mon seul regret est que les personnes qui avaient critiqué notre projet au départ ne soient pas venues lors de la seconde visite. »