« Quand nous sommes arrivés, c'est comme si nous nous trouvions devant une page vierge. Tout restait à faire. » Originaire du Sud-Est, Nathalie et Jonathan Prevot ont toujours voulu travailler la terre. Leur projet de créer une exploitation maraîchère les a conduits à Belcastel, dans l'Aveyron. En 2009, ils y achètent une parcelle certifiée en agriculture bio de 5 ha de prairies pentues et de châtaigniers, à 700 m d'altitude.
Dans cette région où les maraîchers ne sont pas légion, la demande en fruits et légumes bio est importante. L'accueil du propriétaire et des voisins favorise leur arrivée. Ils sont autorisés par le maire à poser leur caravane, à condition que celle-ci ne soit pas visible. « Le premier hiver a été difficile, nous n'avions ni eau ni d'électricité », se souvient Nathalie. Pour les cultures, l'eau est la première bataille à gagner. Avec le secours d'un sourcier, ils réalisent un forage qui leur assure un approvisionnement de mai à novembre. Le branchement au réseau vient compléter l'arrosage, même si cette solution provisoire ne leur convient pas. Pour l'alimentation électrique, des panneaux solaires y pourvoient pour la vie quotidienne et un générateur permet à Jonathan de réaliser ses travaux de bricolage. Avec l'appui de l'association départementale de producteurs bio, l'Apaba, Nathalie et Jonathan mettent en place 1 500 m² de cultures maraîchères et installent une première serre. La vente de leurs produits bio (fruits, légumes, pommes de terres, plants, petits fruits...) sur des marchés, aux restaurateurs et auprès de particuliers sous forme de paniers leur montre que le projet est viable.
AUTOFINANCEMENT
Ils décident alors de doubler la surface cultivée et d'implanter une seconde serre. Un poulailler complète l'offre. La surface ainsi exploitée, grâce aux coefficients d'équivalence, permet à Nathalie d'obtenir le statut d'exploitante agricole (Jonathan étant conjoint d'exploitant).
Jusqu'à présent, Nathalie et Jonathan ont financé leur installation avec leurs économies, indemnités de chômage et un appoint familial. « Nous préférons éviter les emprunts », souligne Jonathan. Pour l'instant, ils ont investi 32 000 euros (dont 20 000 pour l'acquisition du foncier). Pour développer leur activité et financer un bâtiment de 240 m², ils ont sollicité les aides à l'installation progressive. Une fois l'infrastructure en place, ils donneront à l'exploitation une nouvelle dimension en développant l'accueil à la ferme, la vente de produits transformés à base de plantes médicinales (tisanes et cosmétiques) et les cultures pérennes (arboriculture).