La gestion du risque de mycotoxines au silo commence par une bonne prévention au champ.

Sur blé, le contrôle des Fusarium passe par un choix variétal adapté, notamment dans les rotations avec maïs et/ou sorgho. Si l'enfouissement de ces résidus de précédents par un labour n'est pas possible, il doit être remplacé par un broyage suivi d'un ou deux déchaumages.

Enfin, l'emploi de fongicides performants comme le tébuconazole, le metconazole et le prothioconazole appliqués en début de floraison vient renforcer les actions de l'agronomie.

L'agriculteur dispose ensuite de plusieurs moyens pour limiter l'introduction de grains fusariés dans ses cellules de stockage, à commencer par un bon réglage de la moissonneuse (ventilateur, grilles), car ces grains sont plus légers que les grains sains. Cette action est ensuite renforcée par un passage au séparateur.

Une autre condition essentielle est de réceptionner des céréales dont la teneur en eau est inférieure à 14 %. « Des tests montrent l'effet très net du nettoyeur-séparateur avec une chute de 41 % de la teneur en Don des grains qui permet du même coup de ramener un certain nombre de lots en dessous du seuil réglementaire (1.250 mg/kg de Don, 100 mg/kg de zéaralénone).

L'effet est tout aussi probant sur les teneurs en coliformes (Escherichia coli et levures) », déclare Bruno Barrier-Guillot, responsable du pôle qualité sanitaire chez Arvalis.

Avec le maïs, la date de récolte constitue le premier facteur de risque et, selon les essais menés par Arvalis, le 1er novembre semble être une limite à dépasser le moins possible. « Compte tenu du climat à cette saison, les mycotoxines qui ont commencé leur développement au champ peuvent le poursuivre durant le préstockage. C'est pourquoi il est important d'adapter le rythme de récolte à la capacité du séchoir », explique Bruno Barrier-Guillot.

Au-delà de deux jours à 35 % d'humidité, les teneurs en Don, zéaralénone et fumonisines augmentent fortement. Comme pour le blé, le nettoyage des grains secs via le séparateur diminue les concentrations.

Le second volet qui permet de prévenir l'apparition des mycotoxines de type ochratoxine A passe par un stockage dans des locaux parfaitement propres et secs, à une température graduellement abaissée en dessous de 10°C.

Ventilation

« L'agriculteur stockeur n'a pas d'autre solution que de mettre en place une ventilation de refroidissement elle-même guidée via un système de thermométrie, prévient Antoine Pissier, négociant dans le Loir-et-Cher. S'il vend directement à l'utilisateur final, il est juridiquement responsable en cas de souci. Si la marchandise transite dans nos silos, nous devenons responsables, ce qui peut nous amener, en cas de problème, à déclasser un lot. »

Une ventilation réussie débute dès la moisson avec un premier palier de refroidissement vers 18-20°C. Il est suivi d'un second durant l'automne, parfois d'un troisième durant l'hiver.

Afin d'éviter tout risque de condensation qui favoriserait le développement des moisissures, l'écart de température entre le grain et l'air ambiant doit rester compris entre 7 et 10°C.

 

Plusieurs sources possibles

Certaines mycotoxines comme la déoxynivalénol (Don), la zéaralénone et les fumonisines sont produites au champ par les Fusarium. Une seconde catégorie (ochratoxine A, citrinine), issue des moisissures de type Aspergillus et Penicillium, dépend directement des conditions de stockage. 

 

 

Des instruments de mesure rapide

Les kits bandelettes de détection des mycotoxines (Don, fumonisines, zéaralénone) se multiplient. Ces tests donnent :

- soit des résultats qualitatifs (réponse positive ou négative par rapport à la réglementation),

- soit semi-quantitatifs (ils placent l'échantillon dans une classe de contamination),

- soit quantitatifs en donnant un résultat chiffré.

Les résultats sont bien sûr très dépendants de l'échantillonnage. La norme retenue est de trois prélèvements par benne de quinze tonnes qui sont ensuite homogénéisés dans un échantillon global.

« L'agriculteur qui décide de vendre en direct peut avoir intérêt à utiliser ces systèmes rapides qui le mettent à l'abri d'un éventuel problème à l'arrivée », assure Bruno Barrier-Guillot, d'Arvalis.