Le concept de protection internationale des végétaux a vu le jour après la dissémination du phylloxera, puceron d'origine nord-américaine introduit accidentellement en Europe à la fin du XIXe siècle. Ce dernier a ravagé une grande partie des régions viticoles de l'Europe. Depuis, des porte-greffes résistants ont vu le jour, mais surtout un accord international sur la santé des végétaux a été établi en 1952 : la Convention internationale pour la protection des végétaux, ou CIPV. Elle vise à protéger les plantes cultivées et sauvages en prévenant l'introduction et la dissémination d'organismes nuisibles. En parallèle, au niveau mondial, les échanges commerciaux de végétaux et la circulation des personnes, n'a cessé de s'intensifier, augmentant les risques de dissémination des organismes nuisibles.

Une coordination internationale existe au niveau des grandes régions du monde afin d'harmoniser les mesures exigées contre les organismes de quarantaine pour qu'elles aient le moins d'impact possible sur les échanges commerciaux. Dans la région Europe-Méditerranée, l'Organisation européenne et méditerranéenne pour la protection des plantes (OEPP) a pour rôle de prévenir les nouvelles introductions pour cette zone (50 pays signataires). Après avoir analysé les risques éventuels, elle liste les organismes nuisibles recommandés pour une réglementation de quarantaine. Aujourd'hui, l'OEPP recommande à ses pays membres l'inscription de plus de trois cents ravageurs, pathogènes et plantes envahissantes. Cela couvre des organismes nuisibles aux grandes cultures mais aussi aux cultures fruitières, forestières et ornementales.

L'UE liste les organismes de quarantaine dans la directive 2000/29, qui concerne « les mesures de protection contre l'introduction dans la Communauté d'organismes nuisibles aux végétaux ou aux produits végétaux et contre leur propagation à l'intérieur de la Communauté ». Les services de la Protection des végétaux de chaque pays s'occupent de la transcription de ces textes européens par la mise en place d'arrêtés ou de réglementations. Ils ont également à leur charge la surveillance du territoire. Ils doivent garantir que les marchandises importées et exportées sont exemptes d'organismes de quarantaine. Les mesures à appliquer sont plus ou moins drastiques selon les organismes concernés, les pays et le niveau de risque qu'ils acceptent.

UNE LUTTE NÉCESSAIRE

« Un organisme de quarantaine qui s'établit peut avoir des conséquences dramatiques sur les productions agricoles en modifiant les paysages et les façons de cultiver, voire en supprimant les cultures, explique Muriel Suffert, adjointe scientifique à l'OEPP. Il est donc nécessaire de les détecter et de prendre des mesures au plus tôt avant qu'ils ne s'installent et causent des dégâts économiques. C'est pourquoi, par principe de précaution, il vaut mieux imposer à une portion d'agriculteurs d'intervenir plutôt que de traiter toutes les surfaces. Bien sûr, ce type de mesures peut menacer la survie des exploitations touchées. La mise en place de caisses de solidarité permet de mieux supporter ces contraintes. »

Les exploitations agricoles ou les entreprises frappées par des organismes nuisibles réglementés peuvent être obligées de mettre en place des mesures pour éradiquer l'organisme, voire pour enrayer sa progression.

Dans le cas de la chrysomèle des racines du maïs, la mise en place de zones de confinement démontre que les autorités françaises s'orientent vers la gestion de l'insecte car sa progression semble inéluctable. L'Italie a été dépassée par le problème et le coléoptère parvient chez nous grâce aux transports routiers en provenance de ce pays. « Nous faisons en sorte que la lutte soit efficace et surtout supportable pour la profession agricole. En revanche, la progression de l'insecte doit être la plus lente possible afin de mettre en place une lutte durable conjuguant date de semis, rotation, insecticide du sol, variétés résistantes, nématodes “prédateurs”... », appuie Marc Delos, expert en grandes cultures et biovigilance à la Draaf SRAI.

Au final, si des échecs sont apparus au cours des années, comme le doryphore de la pomme de terre arrivé en France dans les années 1920, des exemples de réussites existent. C'est le cas de schémas de certification pour la vigne, les pommes de terre ou les arbres fruitiers qui permettent de produire des plants sains. Le doryphore n'a toujours pas rejoint le Royaume-Uni et Diabrotica virgifera virgifera a été éradiqué d'Ile-de-France.