«Si on veut de la régulation, à nous de la faire, lançait Serge Le Doaré, administrateur de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), lors de la journée organisée par la FDSEA des Côtes-d'Armor le 2 décembre. La question est de savoir si on peut le faire avec nos entreprises. Au premier semestre 2010, nous ferons des propositions pour l'organisation des producteurs, avant de négocier les contrats en fin d'année.»

Cet appel à la régulation, les sympathisants de l'Association des producteurs de lait indépendants (Apli) présents dans la salle semblaient douter de sa sincérité. Des doutes nourris par l'envie dans certaines régions de dégeler l'augmentation de 1 % du quota et les allocations provisoires.

Les doutes persistent

«Vous ne plaidez pas pour la régulation, accuse l'un des défenseurs de l'Apli. On est en Europe. Si vous voulez une réglementation communautaire, n'allez pas au Copa Cogeca, mais rejoignez l'EMB.»

La tension entre l'estrade et la salle monte d'un coup. «Pour se marier, il faut être deux, s'emporte Serge Le Doaré. Les Allemands augmentent leur production pendant que la nôtre recule.» Suivent des échanges houleux, les uns accusant les autres de ne pas défendre la régulation mais de préparer l'après-quota.

Certes, une régulation européenne des volumes est attrayante, mais la médaille a son revers. «Mutualiser la valorisation de nos produits de grande consommation à l'échelle communautaire, c'est une perte de valeur ajoutée pour le producteur français», prévient Dominique Chargé, de la Fédération nationale des coopératives laitières.

La tension retombe. «On peut imaginer une contractualisation gagnant-gagnant, concède un supporter de l'Apli. Mais avec une interprofession non syndicale européenne.»

Et quand la FDSEA annonce qu'elle est prête à discuter avec les syndicats minoritaires, les sympathisants de l'Apli la mettent en garde: «Si vous ne rencontrez pas l'Apli, vous vous coupez d'une partie de votre base.»

Serge Le Doaré rétorque: «Un groupe qui fait des propositions pour défendre sa profession s'appelle un syndicat. Il ne faut pas en avoir honte.»