«La valeur substantielle ou patrimoniale d'une exploitation betteravière est faible car elle dispose de peu de matériel mais sa rentabilité est forte, tout au moins elle l'a été jusqu'à une période récente. A l'inverse, la valeur substantielle d'une exploitation laitière est importante mais sa rentabilité peut paraître faible: elle provient essentiellement du travail important fourni par l'exploitant.

Lorsqu'ils ont mis au point la méthode de la VEA (valeur de l'entreprise agricole) en 1986, l'idée de l'Union des experts agricoles et fonciers du Nord était de valoriser tous les éléments qui font le potentiel de rentabilité de l'exploitation du cédant, et notamment les quotas. En combinant valeur substantielle et valeur de rendement, cette méthode permet d'aboutir à une valeur d'exploitation justifiée, fondée sur le résultat de l'entreprise.

Pour la valeur substantielle, on retient le matériel en valeur de remplacement, les installations en valeur d'utilisation, une partie du cheptel (reproducteur), les parts sociales et les contrats, l'état des sols, etc. Nous nous limitons aux seuls biens nécessaires à la bonne marche de l'entreprise.

La valeur de rendement est obtenue en recalculant un EBE (excédent brut d'exploitation) corrigé qui prend en compte un fermage pour les terres en propriété et le coût de la main-d'oeuvre familiale non rémunérée. Puis on capitalise cet EBE corrigé sur dix-huit ans (durée d'un bail à long terme) au taux de 5% (taux moyen pratiqué pour le financement des exploitations).

Cet EBE capitalisé est affecté d'un coefficient de risque apprécié par l'expert en fonction de l'exploitation. Trois types de risques sont pris en compte: le risque lié aux moyens de production (qualité des sols, situation géographique, dispersion des structures foncières, adaptation du matériel et du cheptel aux productions réalisées...), le risque lié à la pérennité de l'entreprise (reprise éventuelle à court terme, expropriation prévisible...) et le risque lié à l'environnement économique (marché en croissance ou saturé, quotas laitiers, aides Pac...).

Avec cet EBE corrigé par ce coefficient de risque, la valeur de l'entreprise est calculée au plus juste. Nous sommes dès lors convaincus que le jeune qui s'installera, à condition de se retrousser les manches, va s'en sortir.»

Voir :

- Olivier Delignières a fait estimer l'entreprise pour préserver l'unité familiale

- L'avis de l'expert François Lalloué, conseiller au CER France de la Loire-Atlantique