Dans le Lauragais, à la limite du Tarn et de la Haute-Garonne, une dizaine d'agriculteurs de la Cuma de Belleserre ont investi dans le séchage et le stockage de leurs céréales. Tous éleveurs, ils utilisent leur maïs pour l'alimentation des animaux et ils vendent les excédents des années les plus productives.
En 1997, ils ont commencé par acheter un séchoir à maïs et une cellule ronde de 1.000 tonnes de stockage, accompagnés d'une fosse, d'un boisseau et d'un séparateur. En 2000, ils ont monté eux-mêmes un silo de 2.500 tonnes avec du matériel acheté d'occasion. En 2003, les adhérents ont augmenté la capacité du séchoir et, cette année, ils ont acheté un pont-bascule.
Au total, ils ont investi 245.000 euros, une dépense maîtrisée grâce à l'achat de matériel d'occasion et en construisant eux-mêmes les bâtiments. Les installations électriques et de gaz ont été confiées à des spécialistes. «Nous avons travaillé 3.000 heures pour la première tranche des travaux, 5.000 pour la seconde. Le montage est un chantier dangereux et très long. Et il nous a fallu beaucoup de temps pour la remise en état du matériel d'occasion. Le jeu en valait la chandelle: nous disposons aujourd'hui d'un outil d'organisme stockeur à un prix fermier», résume Louis Ouillon, le président de la Cuma.
Facturation du gaz
Le séchoir a été dimensionné au départ pour 80 ha de maïs, la surface cultivée par les adhérents. En 2003, ils ont emblavé 200 ha de maïs. Le séchoir a donc été modifié et son débit a été augmenté à 100 t par jour. Il est approvisionné par lots de 10 à 12 ha récoltés chez un même adhérent par la moissonneuse de la Cuma. Le maïs est amené dans la fosse et séché en continu sous la surveillance du producteur concerné. La consommation de gaz correspondante est mesurée au compteur. «De cette manière, chacun paye selon sa consommation d'énergie. La solidarité est une bonne chose mais elle a des limites», explique Guy Alvernhe.
Pour éviter les encombrements au silo, un tour de rôle est établi en fonction de la précocité, de la maturité des parcelles et du caractère de l'exploitant. «A la récolte, nous craignons le risque de verse à cause du vent d'Autan. Certains préfèrent récolter tôt, d'autres sont plus patients et attendent que le maïs soit plus sec, commente Pascal Chavagné, un des agriculteurs. Mais on ne peut pas dépasser des lots de10 à 12 ha. Nous sommes très rigoureux là-dessus.» Les grains stockés sont ensuite ventilés à l'air froid, deux jours par mois et par cellule.
Le bilan est positif. Le fait d'avoir procédé à une deuxième phase d'investissement en est une preuve. Et finalement, s'ils émetent une réserve, c'est sur le choix du gaz comme énergie. «Depuis le démarrage, le gaz revient 20% plus cher que le fioul. Nous n'avons pas de marge de négociation avec les fournisseurs, regrette Guy Alvernhe. Nous l'avions choisi parce qu'il ne laisse pas d'odeur dans les maïs mais, au final, les prix de vente sont les mêmes.»
Surveillance et sécurité: un contrôle de température une fois par semaine«Nous stockons les céréales dans nos exploitations depuis fort longtemps. Avec la Cuma, il y a juste un changement d'échelle,» se félicite Louis Ouillon. Le respect des normes de ventilation lors de la construction apporte une sécurité. Un contrôle de la température est réalisé une fois par semaine et des prélèvements une fois par mois. Par ailleurs, la Cuma réfléchit à un investissement dans un système de sondes cette année. |
Prix du stockage et du séchageLes parts sociales ont été déterminées au départ en fonction d'un tonnage d'apport. Un paiement différé des heures de travail permet aux adhérents qui ont participé à la construction de récupérer leur investissement en travail. Le prix du service permet d'assumer les charges d'amortissement: 8,5 €/t pour le séchage et le stockage de maïs ou de sorgho, 4,5 €/t pour le stockage seul, 2,5 €/t pour l'utilisation du séparateur et du boisseau. Le gaz est facturé à l'adhérent et revient en moyenne à 6 €/t de maïs séché. |