L'annonce de la fermeture de la trésorerie générale de Songeons, dans l'Oise, ne devait pas signifier l'absence de services publics sur le village. François Dumart, le maire de cette commune de 1.200 habitants, est catégorique. «Nous comprenions la décision de gestion de l'Etat qui ne pouvait maintenir une trésorerie avec deux employés et demi. Mais nous ne voulions pas perdre la proximité et le service apporté aux citoyens.»
Le maire avait obtenu la tenue de deux permanences hebdomadaires des services de la perception. Mais il restait inquiet pour leur pérennité, de nombreuses expériences similaires s'étant soldées par un arrêt pur et simple. Au même moment, la communauté de communes de Picardie verte avait vent des relais de services publics, RSP pour les initiés. Des relais implantés dans les territoires ruraux, véritables points de contact entre les citoyens et toutes les administrations, dont la vocation était d'assurer la proximité et la qualité du service public. Les citoyens accueillis par un agent y obtiennent des informations sur les questions administratives, sociales ou relatives à la recherche d'emploi. Ils effectuent des démarches administratives relevant de plusieurs administrations ou organismes publics. Le tout en utilisant internet et les facilités de communication et de rapprochement offertes par les nouvelles technologies. Un rapport du ministère de l'Intérieur et de l'Aménagement du territoire de février 2006 préconisait la labellisation de ces structures légères d'accueil.
La communauté de communes a demandé la labellisation d'un RSP à Songeons. Contactée, la préfecture a sollicité chaque administration susceptible de participer. ANPE, Unedic, CRAM, Caf, CPAM, DDE, EDF et bien sûr la trésorerie générale ont répondu à l'appel. De son côté, la communauté de communes a aménagé l'ancienne trésorerie pour respecter les critères de labellisation. Point d'accueil, point d'attente assise, local confidentiel, ainsi que point multimédia assurant la discrétion à l'utilisateur. Le partenariat se révèle efficace, puisque le RSP devient le premier labellisé en Picardie. L'Etat participe au financement de l'aménagement des locaux pour 42.000 euros, et aux frais de fonctionnement à hauteur de 10.000 euros par an. La communauté de communes met à disposition tous les matins un agent formé à l'accueil et aux problèmes administratifs courants. Chacune des administrations partenaires désigne des personnes ressources que l'agent peut contacter immédiatement pour résoudre en temps réel les problèmes des citoyens. Si c'est nécessaire, ces personnes se déplacent au relais pour rencontrer les administrés.
«Certes, nous avons perdu notre trésorerie, mais nous apportons un service supplémentaire à nos concitoyens, conclut le maire. Certaines administrations n'avaient plus de relais sur place, comme la DDE ou EDF. Nous retrouvons ce lien. Cette opération pilote prouve que le monde rural peut évoluer. Les RSP semblent un bon compromis entre la gestion de l'Etat, donc de notre argent, et les services indispensables aux citoyens.»