1 - Quelles sont les perspectives du métier d'agriculteur?
Il est indispensable de sortir l'agriculture de l'incertitude dans laquelle elle se trouve plongée par une succession de réformes, le plus souvent incomprises. Les agriculteurs doivent pouvoir se voir assurés d'un revenu juste pour leur travail. C'est le prix des contraintes de notre exigence en matière de sécurité alimentaire et de production de qualité.
2 - OMC: L'Europe doit-elle encore faire des concessions pour parvenir à un accord? Comptez-vous vous opposer à un accord qui léserait les intérêts agricoles français et comment?
La réforme de la Pac de 2003 était censée favoriser les négociations à l'OMC. Les députés européens CPNT s'y étaient fermement opposés –en particulier par le dépôt d'un amendement de rejet– parce qu'elle n'était dictée ni par l'intérêt des agriculteurs, ni par une réflexion en profondeur sur les objectifs de l'agriculture. L'Union européenne ne peut pas faire de nouvelles concessions. Elle doit défendre à la fois son modèle et un traitement différencié des produits agricoles. Je ne cautionnerai pas un accord qui léserait les agriculteurs français.
3 - Faut-il encore une Pac après 2013? Certains trouvent que le budget de la Pac devrait être redéployé vers la recherche et l'éducation, êtes-vous de ceux-là?
La Pac est la seule politique européenne totalement intégrée. De ce fait, son budget ne peut en rien être comparé à celui des autres politiques européennes. Renoncer à la Pac après 2013 serait un recul dans la construction européenne. Ce qui ne remet pas en question la nécessité de créer de grands projets de coopération, en particulier dans le domaine de la recherche.
4 - En 2008, l'examen à mi-parcours de la Pac doit-il se cantonner à un bilan de santé, évoluer vers une redistribution des aides ou se transformer en une réforme encore plus profonde?
La réforme de 2003 a cassé l'Agenda 2000. Les agriculteurs font d'énormes efforts pour s'adapter à de nouveaux objectifs avec une règle du jeu encore très floue. Proposer une nouvelle réforme en 2008 serait catastrophique. Ceux qui prennent les décisions en matière de politique agricole doivent avoir conscience que l'agriculture est une activité économique de moyen et long terme aux investissements lourds.
5 - Faut il développer les biocarburants industriels?
Oui. La France doit se doter d'une politique ambitieuse de développement des biocarburants sans surcoût pour les usagers. On peut y ajouter les biomatériaux.
6 - Etes-vous favorable au développement des bioénergies en circuit court? Dans les faits et au-delà des discours, on observe depuis de nombreuses années que beaucoup de «bâtons ont été mis dans les roues» de ces microfilières de proximité (tracasseries administratives, paperasserie et fiscalité dissuasives, tarif de rachat de l'électricité insuffisant). Vous engagez-vous à ce que le double langage cesse?
(*) biogaz, huile végétales pures, chaudières polycombustibles, etc.
Il est grand temps de mettre en cohérence les discours et les actes, de passer de l'expérimentation au développement local et ce d'autant plus que la proximité rend encore plus «propre» leur bilan écologique.
7 - Jusqu'où doit aller la prise en compte de l'environnement? Croyez-vous par exemple à une agriculture sans pesticides?
L'agriculteur doit être reconnu pour son rôle majeur dans la gestion de l'espace rural et de l'environnement. Cela passe par des soutiens et un accompagnement spécifique pour pérenniser une agriculture viable économiquement, respectueuse de l'environnement et génératrice de matières premières pour l'éco-industrie (énergies renouvelables, produits biodégradables, utilisation de la biomasse).
Cependant, la préoccupation environnementale ne doit pas prévaloir sur le maintien d'une activité agricole. Tout est affaire d'équilibre.
Les produits phytosanitaires dangereux ou destructeurs doivent être bannis tandis que l'utilisation des produits «propres» doit être encouragée par une meilleure connaissance des méthodes alternatives et une incitation financière (baisse des taxes par exemple).
8 - L'agriculture est elle d'abord faite pour produire?
L'agriculture a vocation à produire pour garantir une indépendance alimentaire, pour fournir des produits de qualité. Nous nous sommes engagés à l'intérieur de l'Union européenne dans une politique exigeante en matière de sécurité alimentaire. Comment mieux en garder le contrôle qu'en produisant sur nos territoires? Le lien de confiance nécessaire entre producteurs et consommateurs passe par la proximité.
9 - La France doit-elle cultiver des OGM?
Avec constance, CPNT s'est opposé aux cultures commerciales d'OGM mais a défendu l'intérêt des essais en milieu confiné à fins de recherche. C'est le message que je porte.
10 - Que comptez-vous faire pour abaisser les charges pesant sur les exploitations agricoles?
Les agriculteurs ont surtout besoin d'un allègement de la charge administrative et d'être assurés de recevoir un juste revenu de leur travail. Mais, pour encourager l'installation des jeunes voire des moins jeunes, nous préconisons la mise en place d'aides fiscales et financières pour la reprise d'une exploitation (rachat, succession…) et un allègement des charges les premières années.
11 - Etes-vous favorable à une TVA sociale en agriculture?
Non, si la conséquence doit en être l'augmentation des coûts pour l'agriculture.
12 - Que comptez-vous faire pour maintenir les services publics en milieu rural et développer la couverture des campagnes par les moyens modernes de communication?
«Bien vivre au pays», c'est l'égalité des chances et tout particulièrement en matière de services publics: éducation, santé, culture, loisirs. Pour CPNT, l'intérêt général prime et ses représentants s'insurgent depuis longtemps, contre cette quête absolue de rentabilité qui conduit à fermer une école, un bureau de Poste, un hôpital de proximité, une gare, une gendarmerie. C'est le message qu'a porté le candidat de notre mouvement lors de l'élection présidentielle de 2002, Jean Saint-Josse. C'est bien évidemment le message que je continue de porter, en m'engageant sur cette voie pour favoriser le maintien des familles en zones rurales, le maintien des personnes âgées à domicile, la création de services et d'équipements de proximité et le développement des transports pour y accéder. Les nouvelles technologies offrent des possibilités de développement économique en milieu rural, il est donc nécessaire d'y développer toutes les infrastructures dont elles peuvent avoir besoin (accès, internet à haut débit…)
13 - Que proposez vous pour enrayer le grignotage des terres agricoles?
L'espace rural doit être géré de façon harmonieuse. L'agriculture y joue un rôle pilier: il faut lui donner les moyens de poursuivre son activité, de se développer et dans les régions plus difficiles, se donner les moyens de lutter contre la déprise.
14 - Faut il revaloriser les retraites agricoles et si oui comment?
Les retraites agricoles sont honteusement basses, celles des conjoints ou associés encore plus. Je l'ai souvent dénoncé et un plan de revalorisation est impératif.