En 2019, l’Europe sera mobilisée, principalement, par le processus de renouvellement de ses institutions – le Parlement et la Commission – si elle n’est pas, de surcroît, perturbée par une crise d’un « hard-Brexit ». La recomposition de l’UE va s’étaler sur huit mois d’un parcours démocratique, passant par la campagne et l’élection du Parlement européen, par la désignation du président de la Commission, suivie de la composition de sa future équipe de commissaires et, enfin, par l’audition de chacun des candidats commissaires par les commissions parlementaires compétentes. Les institutions ne pourront pas entrer dans le vif des dossiers réglementaires avant le 1er novembre.
Au cours de ce processus, l’Europe se dotera de têtes nouvelles et surtout, à travers elles, d’un nouvel équilibre politique pour les cinq prochaines années, accompagné de priorités revisitées. Chaque commissaire reçoit, en début de mandat, une lettre de mission fixant les grandes lignes de ses actions. Ce temps de respiration se fera dans un climat inédit de chamboulement politique à l’échelle européenne : de l’Espagne au Danemark, en passant par la Belgique, la Suède ou encore la République tchèque, pas moins de dix gouvernements sont minoritaires ou en affaires courantes, sans parler des coalitions à bout de souffle en Allemagne ou aux Pays-Bas.
Côté Parlement, il semble acquis que l’hémicycle sera, demain, plus fragmenté encore qu’il ne l’est aujourd’hui, alors que, d’ores et déjà, plus de deux cents partis politiques nationaux y sont représentés ! Il semble acquis que l’actuelle grande coalition entre les chrétiens-démocrates (PPE) et les socialistes (S & D) ne suffira pas pour atteindre le seuil de la majorité. Un nouvel accord de coalition sera alors à inventer. Chaque élu, qui détiendra 1/705e du pouvoir, comptera !
D’ici au mois de mars, l’actuelle Commission aura donc beau jeu de brandir la menace d’une Europe ingouvernable, ou sous influence renforcée des eurosceptiques, pour tenter de boucler le plus grand nombre de dossiers. Elle sait qu’elle a, d’ores et déjà, échoué concernant le futur budget et admet, petit à petit, que la véritable négociation pour la Pac ne commencera pas avant la fin de 2019, mais en 2020. D’ici là, l’année 2019 fixera de façon décisive les grandes orientations politiques, qui ne manqueront pas d’avoir un impact sur l’avenir des propositions de l’équipe sortante, y compris pour la Pac.