«Le vote dramatique du Brexit crée une grande incertitude pour l’agriculture du Royaume-Uni », titrait dès le 24 juin notre confrère britannique Farmers Weekly. Avec la sortie de leur pays de l’Union européenne, les agriculteurs d’outre-Manche risquent d’y perdre beaucoup. Le départ du Royaume-Uni, qui avait à la fois un pied dans l’UE et un autre en dehors, permettra peut-être un sursaut salutaire pour l’avenir de l’Europe. Mais aussi de sa politique agricole. Car les Britanniques ont toujours combattu la Pac et défendu une orientation très libérale d’une politique qui, aujourd’hui, ne protège plus les agriculteurs.

Il est primordial de placer au cœur du dispositif européen les préoccupations des citoyens et non les institutions centrées sur elles-mêmes. La Pac a longtemps bénéficié aux agriculteurs de l’UE. Mais l’agriculture connaît bien les dérives de la grande machinerie bruxelloise. (Re)commençons donc par l’essentiel : assurons aux agriculteurs les protections nécessaires afin qu’ils gagnent correctement leur vie et travaillent sereinement. Cessons cette production infernale de normes, contraintes et paperasse. Ne négocions plus en catimini des accords commerciaux qui vont à l’encontre des intérêts des paysans européens. Assurons une harmonisation fiscale et sociale pour éviter les distorsions de concurrence. Sans cela, tout le reste ne sera que discours lointain, voire inaudible.

Car à quoi sert une Europe qui n’est pas au service de sa population ? Une fois ces éléments de base assurés pour les agriculteurs, et notamment la viabilité économique de leurs exploitations, le reste suit : la sécurité alimentaire, la prise en compte de l’environnement… L’agriculture est capable de formidables évolutions. Redonnons aux paysans européens un projet mobilisateur. Car en oubliant les acteurs eux-mêmes, on risque d’aller au-devant de sérieuses déconvenues. Alors que le noble projet européen de paix et de prospérité mérite d’être défendu.