Avec l’aide de leurs partenaires techniques (l’inséminateur en particulier), les quatre associés du Gaec de la Place ont revu leur programme d’alimentation et de complémentation minérale pour mieux « remplir » leurs primipares. « Auparavant, à la mise en reproduction, les génisses de deux ans étaient un peu grasses, explique Nicolas Guenot, l’un des associés. Nous avons supprimé l’ensilage de maïs au profit du foin et de l’enrubannage. Les rations, calées sur l’analyse de nos fourrages, sont mieux adaptées. Par ailleurs, depuis 2009, les génisses sont inséminées avec des taureaux à vêlage facile pour sécuriser la première mise bas. » Ce levier a permis de résoudre les problèmes de veaux trop gros et de reprise de cyclicité. « Pour cela, il a fallu aller à l’encontre des pratiques de nos aïeux et des idées reçues telles que "vêlage facile, vente difficile" ! »

Conduite en lots

Éviter les à-coups dans la croissance des génisses (750 g par jour sur les laitonnes, 500 g pour les génisses de deux ans), tel est l’objectif des éleveurs. En bâtiment comme au pâturage, l’alimentation est calée en fonction des catégories et des stades physiologiques des animaux, qui sont allotés en conséquence. La surveillance régulière de la note d’état corporel (à la rentrée en bâtiment, au vêlage, à la mise à la reproduction) permet de détecter un souci alimentaire, sanitaire ou de bien-être, et de réagir au plus vite. Les éleveurs font le maximum pour apporter au moment voulu ce dont les primipares ont besoin. Ils ne misent pas sur un rattrapage hivernal. « Pour obtenir une croissance régulière et ne pas perdre de temps, nous essayons de complémenter les génisses l’été lorsqu’il y a moins d’herbe, et d’éviter un amaigrissement », précise Nicolas Guenot.

En 2018, année très sèche, de l’enrubannage a été apporté au pré dès le 1er août aux génisses de deux ans, et la complémentation en vitamines et minéraux a été renforcée. Deux ans plus tôt, en 2016, avec des fourrages de qualité médiocre à la récolte, les associés étaient également parvenus à maintenir de bons résultats de reproduction. « Nous avions renforcé la teneur en protéines de la ration en donnant plus de tourteaux, se souvient Nicolas. Nous intervenons le plus rapidement possible pour ajuster les rations et éviter que les animaux perdent du poids. C’est, avec la valorisation de nos ressources fourragères (1), l’une des clés de la réussite de notre système. »

Les exploitants trient précocement les génisses de renouvellement en fonction de la docilité, de l’ascendance, et de la morphologie (aptitude au vêlage). La sélection se fait en trois étapes : à la première saison de pâturage, à l’entrée en bâtiment à deux ans, et après le premier vêlage. Grâce au choix de taureaux à vêlage facile pour les accouplements par insémination, les mises bas se passent bien et les fécondations sont mieux assurées. L’utilisation de la vêleuse, même sans forcer, risque de retarder la reprise de cycle de la jeune vache. « Si le veau est bien placé, on laisse le travail se faire. » La cure de sélénium, pratiquée un mois avant le vêlage, améliore les délivrances, réduit les risques de métrites, et favorise la reprise de cyclicité. Le regroupement des vêlages des primipares sur le mois de janvier, ainsi que l’organisation de la surveillance sur deux sites (deux agriculteurs par bâtiment avec une répartition des nuits) concourent à la réussite de la reproduction.

Logées d’abord à part (en cases de vingt places), les primipares sont ensuite mélangées aux vaches après le vêlage. Pour des raisons de microbisme, les éleveurs veillent à ne pas avoir plus de quinze jours à trois semaines d’écart d’âge entre les petits veaux. Chaque couple mère-veau dispose alors de 11 m2 d’aire de vie, avec un bon paillage de 11 kg par jour et par vache. Mi-mars, avant la mise en reproduction, un flushing est réalisé en incorporant de l’avoine dans la ration. Anne Bréhier

 

(1) Pâturage tournant réalisé par les trois quarts du cheptel, fauche précoce des prairies temporaires récoltéesen ensilage, et déprimage des parcelles valorisées en foin.