Cette année, le Gaec Pion, situé à Lacs dans l’Indre, commercialisera ses dix-sept babynettes charolaises à 4€/kg de carcasse (kgc). Un tarif fixé au moment de l’entrée des animaux en engraissement, qui satisfait les deux associés – et frères – Maxime et Mickaël Pion. « Nous avons commencé cette production lors de mon installation, en 2015, retrace Maxime. M’associant sans apport de surface, mon projet portait sur la construction d’un bâtiment d’engraissement. » Auparavant, les génisses de boucherie étaient vendues maigres, autour de 350 kg vif, ou engraissées, âgées de deux ans et demi à trois ans.Les carcasses des babynettes de 24 mois sont destinées à deux marchés. Les avants sont valorisés par le transformateur Moy Park, qui fournit les restaurants Mc Donald’s France en steaks hachés. Les arrières sont vendus en barquette, dans les magasins Carrefour. Toutes les génisses du Gaec n’entrent pas dans ce circuit. Les exigences de poids du cahier des charges (320-380 kgc, avec un objectif de 350 kgc) excluent une partie des animaux. D’autres, à la conformation développée, sont orientées vers un débouché plus valorisant.

La majorité des vêlages se déroulent entre le 10 novembre et le 31 décembre. Le tri entre futures reproductrices et candidates à l’engraissement s’effectue en janvier, lorsque les animaux entament leur deuxième année. « Les poids sont très variables d’un an à l’autre, mais la règle est simple : parmi la soixantaine de velles, nous gardons les quarante plus lourdes pour le renouvellement, en excluant celles qui présentent une mauvaise morphologie et les jumelles de mâles », explique Michaël. Les autres sont orientées vers la démarche Moy Park-Carrefour, à l’exception de quelques femelles de conformation supérieure, destinées à un engraissement plus tardif et un abattage à 36-40 mois. Elles sont rejointes par les éventuelles génisses vides.

Babynettes

Les babynettes ne ressortent pas à l’herbe la deuxième année, pour éviter de surcharger les prairies. Entre janvier et juin, leur ration reste identique à celle distribuée depuis leur entrée en bâtiment : 3 kg d’un mélange d’orge, de triticale et de complémentaire azoté, ainsi que du foin de graminées ou de luzerne à volonté.

Durant cette période, le GMQ moyen s’établit à 710g/j. Un ultime tri est effectué fin juin, pour éviter d’engager des animaux trop lourds. « Si l’animal dépasse les 500 kg vif, il faut être très prudent et prendre en compte l’état d’engraissement, souligne Jean-Pierre Alaphilippe, commercial de la Cialyn. Une fois sous contrat, une génisse doit passer dans la filière, même si elle est trop lourde et que des pénalités s’appliquent. »

Les données de pesée sont utilisées pour établir un planning prévisionnel des sorties, entre le 1er octobre et le 31 mars. La phase d’engraissement peut débuter. La composition de la ration de finition est identique à la précédente, mais, après un mois de progression, elle plafonne à 6 kg par jour. Le GMQ atteint 1 020 g/j. Les génisses sont pesées tous les mois, pour permettre l’ajustement du planning. « Elles sont toutes vendues autour de 635 kg vif mais, avec des rendements variant entre 55 et 58 %, on a parfois des surprises, observe Maxime. Si en septembre des génisses ont trop profité, nous les mettons dans une case à part, pour réduire la ration. »

Une vente selon l’état d’engraissement

Après le tri de janvier, les génisses de boucherie autres que les babynettes sont élevées avec les génisses de renouvellement durant un an, jusqu’à la mise à la reproduction de ces dernières. Leur ration se compose de 3 kg d’un mélange d’avoine aplati, de pois, d’orge et de triticale, complété d’enrubanné d’herbe et de foin à volonté. Elles sortent à l’herbe pour la troisième fois entre fin mars et fin juillet, puis entament la phase d’engraissement, avec la même ration que les babynettes. La vente est déclenchée lorsque leur état d’engraissement paraît suffisant (note de 3) et non sur des critères de poids. « Ces génisses sont éligibles au label rouge charolais et nous les contractualisons auprès de la Cialyn, au minimum 60 jours avant abattage », rapporte Michaël. Certaines génisses sont labellisés et bénéficient du complément de prix associé. D’autres sont orientées vers le segment haut de gamme. « Les restantes bénéficient d’un complément de prix de 7 centimes lié à leur mise sous contrat, qui passe à 14 centimes si notre prévision de sortie tombe juste, à plus ou moins 21 jours. »