S’il est une année pour laquelle Cyril Warin se réjouit de l’orientation de son Gaec en matière d’alimentation du troupeau laitier, c’est bien 2018. « Il est vrai que nous sommes nettement moins pénalisés que d’autres éleveurs par les conditions très sèches de ces derniers mois, puisque notre stratégie est basée sur les coproduits humides pour lesquels nous avons un long stock d’avance. En ce qui nous concerne, ce sont les conditions climatiques du printemps qui sont primordiales, au moment des ensilages d’herbe », souligne Cyril, en charge de l’atelier lait au Gaec de la Noue, à Saulx-lès-Champlon (Meuse).
Cela fait vingt-cinq ans que cette exploitation a fait le choix d’un système intensif pour l’atelier lait, préférantutiliser les surfaces pour les cultures de vente. Les bâtiments ont été refaits en 1996. « Avant, il n’était pas possible de stocker autant. Nous avons décidé de construire plusieurs silos et de démarrer l’utilisation de drèches de brasserie. Un choix fait pour le pouvoir lactogène de ce produit, mais aussi pour ne pas être dépendant du soja », explique Cyril. L’incorporation des drèches dans la ration s’est faite de façon progressive, à raison de 3 à 4 kg par vache laitière (VL) par jour. Aujourd’hui, elles représentent 6,5 kg. « J’achète en mai, lorsque les prix sont bas, l’équivalent de dix ou onze camions, précise Cyril. Puis je fais un appoint de deux ou trois camions en hiver. »
Alimentation non-OGM
Autre aliment « stratégique » de l’élevage : le maïs grain humide, qui est le principal correcteur énergétique de la ration. Tous les ans, 65 ha de maïs sont semés. Suivant les années, 35 à 45 ha sont ensilés, le reste est récolté en maïs humide qui sera broyé. Les vaches ne pâturent quasiment pas. Elles ont accès à un parc de 2 ha, attenant aux bâtiments. Dans celui des vaches laitières, brumisateurs et ventilateurs les incitent peu à sortir. Les surfaces en herbe, une soixantaine, sont destinées à la production d’ensilage.
La ration des laitières est constituée de 20 kg d’ensilage de maïs (30 à 32 % de MS), 12 kg d’ensilage d’herbe (35 % de MS), 5 kg de maïs grain humide, un correcteur azoté non-OGM, 6,5 kg de drèches de brasserie et 1,3 kg de paille de colza. La production annuelle moyenne est de 10 500 l par vache. Le lait est vendu à l’Union laitière de la Meuse qui, il y a un an, a réorienté une partie de sa collecte vers du lait produit avec une alimentation non-OGM, à la demande de ses acheteurs allemands.
Raisonner la dimension des silos
Le Gaec dispose de quatre silos extérieurs pour l’ensilage et deux petits silos pour le report en été. Le silo pour les drèches mesure 40 m × 6,5 m, et ceux de report 13 m × 6 m. S’y ajoutent quatre silos couverts sous les bâtiments pour le maïs grain humide. L’ensemble représente une importante capacité de stockage, ce qui n’est pas toujours reproductible dans d’autres exploitations. La gestion de tous ces aliments humides est aussi plus complexe qu’avec du sec. « Les récoltes d’ensilage d’herbe comme de maïs doivent se faire dans de bonnes conditions, avec le moins de terre possible », explique Cyril Warin. Toutes les aires autour des silos sont bétonnées. Afin de permettre un bon avancement au quotidien et éviter les échauffements ou les pertes, le dimensionnement des silos doit être raisonné en fonction de la consommation. Des prélèvements sur toute la largeur du front d’attaque sont effectués chaque matin. Le débâchage peut aussi s’avérer fastidieux. « Nous le réalisons une fois par semaine », précise l’éleveur.
En fonction des prix et des disponibilités, le Gaec achète d’autres coproduits ou matières premières comme du corn gluten feed, des betteraves surpressées ou du maïs grain sec. Ces achats se font aussi en fonction de la récolte de maïs grain humide. « En 2017, nous en avons stocké 2 600 q. Cette année, nous en sommes à 2 500 q, indique Cyril Warin. L’an passé toujours, grâce à la qualité des fourrages, le niveau de production par vache avait progressé de 3 l/VL/jour. Du fait de la richesse de la ration, les bêtes avaient moins consommé. Par conséquent, il nous reste des stocks d’ensilage de 2017 qui iront jusqu’au printemps 2019. Cette année, la valeur nutritionnelle est moindre, les bêtes vont consommer davantage. Les analyses effectuées par la laiterie montrent qu’il nous manque 30 kg de MS/m3. »