Depuis qu’il s’est installé sur la ferme familiale en 1990, Christophe Minjat a toujours stocké tout ou une partie de ses céréales sur son exploitation. « Je veux pouvoir rester libre quant à la commercialisation de ma production », explique-t-il.

Jusqu’en 2011, faute de place disponible dans son bâtiment, sa capacité de stockage était limitée à 400 t. « Le surplus était mis en départ chez un négociant qui s’occupait également du séchage. Puis, j’ai eu l’opportunité de délocaliser mon site de production à l’extérieur du village. Ce qui m’a permis de devenir entièrement autonome et d’augmenter mes surfaces de production. » Sur ce nouvel emplacement, le céréalier fait le choix d’implanter une cellule sécheuse Sukup pouvant contenir 270 t de céréales, et deux cellules de stockage Westeel pour une capacité totale de 1 500 t. « Les cellules extérieures étaient la solution la plus avantageuse pour moi, tant d’un point de vue financier, qu’en termes d’organisation du travail », révèle-t-il.

Avec un investissement total de 150 000 € TTC, amorti sur dix ans, l’équipement est fonctionnel pour traiter l’ensemble de sa production et les 800 t stockées et séchées en prestations de service pour d’autres agriculteurs du secteur (200 t de maïs, 300 t de blé et 300 t d’orge). Au final, il estime que cet équipement lui coûte 10 €/t de céréales sur dix ans. « En pleine réflexion sur ce projet, un négociant local m’a fait savoir qu’il aimerait pouvoir implanter et investir dans un silo de collecte-relais à l’arrière de mes cellules. J’ai tout de suite accepté dans la mesure où nous avons convenu que je pourrais utiliser leur fosse de réception et leur élévateur, en contrepartie de quoi ils pourraient disposer de mon pont-bascule. Cette mise en commun de matériel m’a permis de considérablement diminuer le coût total d’investissement », avoue-t-il.

Séchage au gaz

Côté organisation, « je fais en sorte que les blés et orges soient embarqués avant le 30 octobre, pour laisser les cellules libres pour le maïs », explique Christophe. Il compte six jours pour réaliser un cycle entier de séchage pour du maïs à 30 % d’humidité : une journée pour remplir la cellule sécheuse, quatre jours pour le sécher et une demi-journée pour le transférer dans les cellules de stockage. Objectif : stocker un maïs à 15 % d’humidité. Chiffres à l’appui, il commente : « La cellule sécheuse me permet de sécher 0,15 point d’humidité par heure grâce à son système de brassage mécanique combiné au passage de l’air chaud basse température insufflé sous le plancher perforé. »

Le céréalier a fait le choix du séchage au gaz. « Contrairement au séchage au bois qui nécessite beaucoup de manutention, le séchage au gaz est un système autonome qui demande très peu de surveillance. Habitant à plusieurs kilomètres du site, cet élément a été déterminant dans ma prise de décision. » Pour un maïs entrant entre 28 et 30 % d’humidité, Christophe estime ses frais de séchage à 10,50 €/t : 9 €/t de frais de gaz et 1,50 €/t d’électricité. Le gaz est acheté sur le marché à terme via un groupement d’agriculteurs.

Surveillance des températures

Six cycles sont nécessaires à Christophe pour rentrer la totalité de ses maïs. « J’ai organisé les moissons en conséquence. J’ai créé pour cela plusieurs groupes de parcelles de 15 ha, soit l’équivalent de 270 t de maïs humide, avec des indices de précocité différent, allant de 450 à 600. »

Une fois les céréales stockées, le céréalier n’a plus qu’à surveiller la ventilation par système à pales et les températures à l’intérieur des silos. « Je suis équipé d’un boîtier central qui me donne toutes les températures calculées tous les mètres par la sonde thermométrique située à l’intérieur des deux cellules. Je fais en sorte qu’elles soient toujours en dessous de 10 °C. »

Les céréales sont ensuite vendues par lots auprès de négociants ou courtiers. « Le stockage à la ferme permet d’aller chercher des échéances de vente au cours le plus haut et surtout de s’affranchir des coûts de séchage et de stockage auprès de tiers. » Avec des maïs vendus aux alentours de 155 €/t, Christophe estime dégager une plus-value de 10 à 20 % sur un prix d’acompte récolte. « C’est très intéressant financièrement, d’autant plus que l’organisation du travail est facilitée par un système très autonome, étanche à l’eau, aux volatiles et aux rongeurs, et très facile d’entretien et de nettoyage. »