Marie M. a cessé de fumer il y a un an et demi, grâce à l’hypnose. « J’ai arrêté en une seule séance, mais celle-ci a duré six heures, sans interruption ! Le thérapeute m’avait prévenue. » Cette quinqua qui a commencé la cigarette à l’âge de vingt ans se dit « guérie ». Et d’ajouter : « J’avais déjà essayé les patchs, l’acupuncture… sans succès. Aujourd’hui, l’envie a disparu, y compris dans des situations de stress. »

Couper les liens de la dépendance

Bruno Demay, maître praticien en hypnose éricksonienne (1), à Eyragues (Bouches-du-Rhône) accompagne des personnes dans ce parcours. « Une envie de cigarette est toujours un besoin d’autre chose, explique-t-il. Derrière la “pause clope” se cache ainsi la nécessité de faire une pause. En soirée, les gens fument souvent davantage. Ils trouvent dans le bâtonnet blanc un facilitateur de relations. En réalité, ils ont avant tout besoin de créer des liens sociaux. » Autrement dit, les fumeurs donnent inconsciemment à la cigarette un pouvoir qu’elle n’a pas.

« L’addiction physique à la nicotine est négligeable, ajoute le thérapeute. La dépendance est principalement psychologique et comportementale. Le travail sous hypnose consiste à déconstruire les mécanismes engendrés par l’inconscient. Nous remettons le logiciel à jour. » L’état hypnotique aide à y parvenir.

Bruno Demay pratique surtout l’hypnose conversationnelle. « J’essaie de comprendre les liens que la personne entretient avec l’objet de sa dépendance, afin de pouvoir les couper, poursuit-il. Par association d’images, j’explique comment la cigarette agit sur l’inconscient du fumeur. L’individu accompagné entre dans un état de rêve éveillé qui lui permet de vivre, dans un second temps, la vie sans elle. »

La séance dure de trois à six heures selon les situations (2). « Sous hypnose, la personne ne voit pas le temps passer. Je privilégie la séance unique par souci d’efficacité, car entre deux rendez-vous, on perd de l’énergie et du temps pour relancer la machine », confie le thérapeute. Son taux de réussite se situe entre 70 et 80 %. « Mais, il n’y a pas de miracle, dit-il. L’hypnose ne fonctionne pas sans la participation du client. Il doit être motivé ! » Ch. Sarrazin

(1) Issue de la pratique de Milton Erickson, psychiatre et psychologue américain, qui se caractérise par une approche non dirigiste.

(2) Coût d’une séance de trois heures : 190 €.