Lorsque le sentiment d’avoir trop de choses auxquelles penser, trop de choses à faire, au point de ne plus réussir à prioriser devient permanent, attention ! Le risque d’épuisement professionnel n’est pas loin. Dans le pire des cas, le mal-être est tel qu’il peut entraîner burn-out, dépression, voire suicide, des maux connus pour toucher particulièrement le milieu agricole.
S’il ne mène pas toujours aux pires extrémités, le surmenage reste rarement sans conséquences sur le quotidien. Quand on ne ramène pas ses problèmes à la maison, ce sont les relations avec les associés ou les voisins qui se dégradent. Les résultats de l’exploitation peuvent en être également impactés, aggravant davantage la situation.
Une pression psychologique permanente
Un tableau bien sombre dont les causes sont multiples : fréquemment citées, la complexification croissante du métier, le surcroît de travail engendré par l’agrandissement des exploitations et le défaut de main-d’œuvre ou encore les aléas climatiques. Pour Gilbert Guignand, président de la Chambre d’Agriculture d’Auvergne Rhône-Alpes et secrétaire général adjoint de l’APCA en charge de la commission économie-entreprises, les aspects réglementaires - notamment chez les exploitants seuls et isolés -, demeurent une des principales raisons de l’alourdissement de la charge mentale chez les agriculteurs.
« Assimiler l’ensemble des contraintes administratives demande un effort permanent, pointe-t-il, et occasionne une pression psychologique très importante. Le revenu des agriculteurs étant par ailleurs très lié aux aides de la PAC, être privé de tout ou partie de ces aides parce que, croulant sous les problèmes, vous n’avez pas réagi à temps, peut s’avérer dramatique. »
Libérer la parole pour alléger la charge mentale
Les difficultés financières sont, en effet, souvent en cause. « Malheureusement les personnes concernées ont du mal à en parler, reprend Gilbert Guignand. Détecter le mal-être ne peut pas être de la responsabilité d’un seul référent de la chambre ou de la MSA. Chaque interlocuteur de l’agriculteur doit se sentir concerné et impliqué : le vétérinaire, l’inséminateur, le commercial, le technicien de la coop… l’ensemble des acteurs du monde rural. »
Objectif, au premier signal de surmenage, que l’agriculteur en difficulté ait quelqu’un vers qui se tourner ou qu’il ait au moins en tête le numéro vert Agri’écoute (09 69 39 29 19) pour trouver une oreille attentive et, si besoin, bénéficier d’une prise en charge rapide. Alléger la charge mentale passe d’abord par la libération de la parole.
Une mesure qui a montré son utilité ! L’enveloppe budgétaire du dispositif « aide au répit », alloué dès 2016 à la MSA, est passé de 3,5 à 5 millions d’euros par an en 2021. Elle finance notamment l’intervention d’un service de remplacement auprès des agriculteurs ayant besoin de faire une pause pour souffler et faire le point.
La nécessité de questionner ses pratiques
Les Chambres d’Agriculture et la Mutualité Sociale Agricole ont par ailleurs renforcé leurs actions en créant les cellules Réagir. La MSA gère l’aspect social, les Chambres assurent l’accompagnement économique et technique des exploitations pour identifier les difficultés. « Il faut être prêt à revoir ses pratiques, son organisation de travail, se remettre en question. Savoir pourquoi on en est arrivé là permet de corriger le tir. Et parfois, il est préférable d’aller devant le tribunal en vue d’un redressement judiciaire ou d’une liquidation. Dans ces cas-là aussi les chambres d’agriculture peuvent mobiliser des conseillers capables d’accompagner les agriculteurs tout au long du processus. »
La réduction de la pénibilité au travail, une thématique phare du SIMA 2022
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