La dictyocaulose, communément appelée bronchite vermineuse, est une affection parasitaire des ruminants au pâturage. Elle survient le plus souvent en été, quand les journées chaudes alternent avec des épisodes humides. Le responsable : un strongle respiratoire, dictyocaulus viviparus, dont les larves sont ingérées avec l’herbe. Celles-ci migrent de l'intestin grêle vers les poumons puis évoluent en adultes dans les bronches et y pondent leurs oeufs, qui se transforment en larves. Les bovins se mettent à tousser, expectorant des larves qui sont dégluties. Celles-ci, transportées par les bouses, regagnent la prairie où elles évoluent à nouveau vers leur stade infestant… et la boucle est bouclée.

Des pertes économiques estimées entre 160 et 170 € par vache

Lorsque la météo est favorable, l’augmentation des populations de parasites peut très vite devenir exponentielle. Dès les premières quintes de toux, la vigilance est de mise : une épidémie de bronchite vermineuse peut entraîner des répercussions considérables sur les performances des élevages. Les pertes économiques liées à la baisse de production laitière, à la mortalité, aux avortements et aux coûts des traitements atteignent entre 160 et presque 170 € par vache, selon une étude menée aux Pays-Bas sur deux troupeaux d’une centaine de vaches (1).

La dictyocaulose, une maladie qui touche surtout les vaches adultes


« Historiquement, la dictyocaulose concernait surtout les jeunes animaux, rappelle Philippe Camuset, vétérinaire en Normandie. Quelques vaches porteuses latentes vivaient avec des parasites en permanence qu’elles transmettaient aux moins âgées. Celles-ci déclenchaient l’affection et s’immunisaient. Les choses ont changé. L’évolution des modes d’élevage fait beaucoup moins se mélanger les animaux et les pratiques des vermifugations exposent très peu les première et deuxième années de pâtures aux parasites. » Si on ne peut pas complètement exclure que l’affection touche les jeunes, la bronchite vermineuse est désormais considérée comme une maladie des vaches adultes.


Les primipares, réservoir de l’affection dans le troupeau laitier


« Le troupeau laitier est un groupe hétérogène, avec à la fois des primipares et des vaches plus âgées, au passé parasitaire et immunitaire différent, reprend le praticien. Dans ce groupe, celles qui ont vu le moins de bronchite vermineuse sont les primipares. Elles sont le réservoir de la maladie. » Au début d’un épisode d’infestation, les  porteuses latentes adultes ingèrent et excrètent des parasites. « Ce qui va ensuite déclencher la phase clinique, c'est l’intensité de la charge parasitaire au niveau du sol, puis sa multiplication par les primipares. » Selon l’intensité du “challenge” épidémique et la rapidité de réacquisition immunitaire, l’affection peut toucher tout le troupeau ou seulement les animaux les plus faibles.


Confirmer très vite le diagnostic, un préalable au traitement ciblé


L’enjeu est de ne pas se retrouver submergé par un “tsunami parasitaire”. "Le succès d’un traitement ciblé sélectif dépend essentiellement de la précocité du diagnostic clinique et de laboratoire", pointe le vétérinaire. Une réaction tardive obligera inévitablement à traiter tout le monde. Il est primordial d’établir un diagnostic dès l’apparition des premiers signes cliniques. A l’auscultation, qui révèle un sifflement de type asthme, doit venir s’ajouter une coproscopie Mac Kenna. « Nous préconisons de prélever 25 vaches pour accroître la sensibilité du test, recommande Philippe Camuset. Les résultats sont prêts le lendemain : si la dictyocaulose est confirmée, on traite immédiatement, de manière ciblée, et rarement plus d’un quart du troupeau. »


Privilégier un traitement par voie injectable


Côté pratique, le docteur Camuset recommande d’agir par voie injectable. Un mode d’administration dont la rapidité d’action présente aussi l’avantage de limiter l’apparition de résistance et de minimiser l’impact l’environnemental. Capables de provoquer une irritation de la paroi respiratoire, les dictyocaules sont par ailleurs de gros parasites (entre 1 et 8 cm !). Il est parfois nécessaire d’associer un traitement antibiotique et/ou anti-inflammatoire pour les animaux en phase de surinfection bactérienne et/ou présentant des complications. Un suivi sur la durée est recommandé pour éviter toute reprise de l‘épidémie.

1. Holzhauer et al. (2011) “Lungworm outbreaks in adult dairy cows: estimating economic losses and
lessons to be learned. In: Veterinary Record Bd. 169 - Nr. 19 - S. 494-U52. — WOS:000296761000017

  Troupeau 1 (110 vaches) Troupeau 2 (95 vaches)
Total 159 €/vache 167 €/vache
Baisse de la production laitière (15 à 20%) 51,7 % des pertes économiques 36,3 % des pertes économiques
Mortalité 5 animaux = 33,1 % des pertes économiques 7 animaux = 50,9 % des pertes économiques
Inséminations supplémentaires et frais vétérinaires 15,2 % des pertes économiques 12,8 % des pertes économiques

Source du tableau : Thibaut Lurier : Thèse « Le diagnostic de la dictyocaulose bovine par lavage broncho-alvéolaire : étude comparative » Université Claude-Bernard – Lyon I

 

 

 

 

Contenu rédigé par La Factory de La France Agricole, proposé par Ceva.