Dans la Nièvre, 14 bâtiments photovoltaïques – 12 hangars de stockage et 2 stabulations – ont été construits dans le cadre d’une société par actions simplifiée (SAS) et d’un partenariat entre la chambre d’agriculture et EDF-ENR. La première s’est chargée de la coordination administrative et juridique, et la partie technique a été confiée à la filiale d’EDF énergies nouvelles.

« EDF-ENR est venu avec trois partenaires : un constructeur de bâtiment à charpente métallique, une entreprise de terrassement pour les fondations et un fournisseur de panneaux photovoltaïque et d’onduleurs (Photowatt, fabricant français [1]) », explique Didier Ramet, polyculteur éleveur à Limon et président de la SAS 58 Solaire. Le premier bâtiment a été raccordé le 19 avril 2017. Chaque toiture a été dotée d’une centrale photovoltaïque d’une puissance allant de 118 à 249 kWc. La production globale annuelle attendue est de 2,72 millions de kWh. Le contrat de vente a été établi entre la SAS 58 Solaire et EDF OA (Obligation d’achat) sur 20 ans. La première facture a été produite le 19 octobre.

Montage financier

Le projet a nécessité 4,5 M€ d’investissement, financé à 75 % par la SAS et à 25 % par les exploitations (5 % en capital social, 20 % en compte associé). L’ensemble des emprunts a été contracté auprès du Crédit Agricole sur 16 ans à 1,8 %. Un court terme a été réalisé pour l’avance de TVA. « La réussite du projet, explique Didier Ramet, réside sur l’équilibre des recettes solaires sur vingt ans et des charges : coût des permis de construire, des actes notariés pour la location du sol à la SAS (2), des fondations, des bâtiments, des toits solaires, du raccordement au réseau, prestation du maître d’œuvre (la chambre d’agriculture en l’occurrence), intérêts financiers du prêt, frais de maintenance, assurance, comptabilité, frais divers. » Avec un CA prévisionnel de 350 000 €/an, des annuités de 285 000 € et des frais de fonctionnement de 50 000 €, la trésorerie positive doit permettre de faire face aux imprévus (panneaux ou onduleurs défectueux) et de verser à partir de la 6e ou 7e année, des dividendes aux associés.

Plus que les économies sur les coûts des hangars (5 à 10 %), la démarche collective a d’abord un intérêt financier : l’investissement est essentiellement porté par la SAS, ce qui limite l’endettement individuel des exploitations. Autre atout : le pilotage du dossier par un prestataire extérieur de confiance soulage et sécurise. « Si certains agriculteurs n’ont pas de réticences à s’engager dans des projets longs et complexes, d’autres sont rebutés par la paperasse et la lourdeur de la démarche », note Didier Ramet. La mutualisation du coût de raccordement au transformateur facilite l’accès à la diversification énergétique d’exploitations trop éloignées du réseau électrique. Dans la Nièvre, un deuxième projet est déjà en cours.

(1) Une exigence imposée dans l’appel d’offres de la CRE, la commission de régulation de l’énergie.

(2) Durée des baux : trente ans.