La santé mentale, une ressource

« La santé mentale est une ressource qui permet de faire face aux événements de la vie. Chez les agriculteurs, sous l’effet de la pression, cette ressource est fragilisée. L’étude nous montre que cette pression est financière mais également liée au contexte de l’installation et à la pénibilité du travail.

Effet « boule de neige »

Nous avons également constaté un effet « boule de neige » : dans une situation déjà tendue, il y a toujours un événement (une maladie, le décès d’un proche, etc.) qui va déclencher une accumulation de problèmes aussi bien professionnels que personnels.

Le besoin de parler

En toile de fond, il faut rappeler que les agriculteurs évoluent dans une culture où on ne se plaint pas et un milieu où la loi du silence reste forte. Sur les 27 personnes que j’ai rencontrées, une seule m’a dit parler librement de ses problèmes avec son entourage. Pourtant, le besoin de parler est énorme. Susciter cette parole est déjà un travail de prévention.

Une profession en souffrance

Pour mesurer les risques psychosociaux, il existe des modèles. Mais aujourd’hui, ils ne sont pas adaptés au métier d’agriculteur. Comparée à d’autres, cette profession présente, en effet, certains facteurs protecteurs comme l’autonomie dans le travail ou le soutien social. Malgré cela, comme le montre en particulier le taux de mortalité due au suicide, elle est en souffrance.

Un besoin de lien social

Pour aller plus loin, nous avons donc interrogé les agriculteurs sur ce qui les aide à faire face aux difficultés. Les loisirs ont très peu été évoqués. Par contre, la passion du métier et le lien social sont deux ressources clairement identifiées. Dans ce lien social, il y a le lien avec l’entourage, la famille, les voisins… mais également l’aide trouvée auprès de Solidarité Paysans ainsi que l’échange avec des personnes qui connaissent aussi des difficultés. « Cela permet de ne plus se sentir seul, de ne pas porter seul le poids des difficultés », nous disent-ils.

Ceux qu’ils côtoient

Les agriculteurs recourent peu aux soins médicaux et ont du mal à reconnaître leurs signes d’alerte. Même si sur ce point, les femmes y arrivent un peu mieux. Il est donc important de les aider à faire baisser la pression qu’ils subissent et de renforcer les facteurs qui protègent leur santé mentale. L’un des axes majeurs à venir va donc être de travailler de travailler la prévention des risques psychosociaux avec les acteurs de première ligne. C’est-à-dire les conjoints, les voisins, la famille mais également des professionnels de proximité comme le vétérinaire, l’assistante sociale ou le technicien agricole. Tous ont, en effet, un rôle primordial à jouer. »

(*) « Des agriculteurs sous pression : une profession en souffrance. » Cette étude est en ligne sur le site www.solidaritepaysans.org