Création de gains d’opportunité

Nos sociétés sont en train de vivre une véritable transformation digitale. Celle-ci repose d’une part sur la multitude dont nous faisons tous partie : elle crée elle-même les contenus du Web et des gains d’opportunité. Par exemple, les systèmes de notation des internautes améliorent l’efficacité des choix de chacun. D’autre part, nous créons tous d’immenses quantités de données via la diversité de nos appareils connectés. Et depuis dix ans, les ordinateurs ont la capacité à toutes les analyser.

Des indicateurs prédictifs

Nous sommes passés d’une logique d’études par échantillonnage à une logique de masse. Cela change tout car nous pouvons tester à peu près toutes les corrélations imaginables et détecter les relations de causalité avec une très grande fiabilité. Ces liens sont extrêmement précieux car ils ont un caractère prédictif. Santé, sécurité, services, maintenance… Les gains possibles sont inimaginables. Ils iront de pair avec le développement de stratégies de prévention en remplacement des méthodes curatives.

Automatisation complète de l’agriculture

Et l’agriculture dans tout cela ? La révolution digitale voit aujourd’hui aboutir une deuxième génération de projets d’agriculture hors sol, qui corrige les excès de la première. Dans le Bronx, aux États-Unis, trois immeubles sont dédiés à l’agriculture verticale avec une très forte rentabilité et un bilan écologique excellent. En plein désert, le Qatar parvient à de bons rendements en grandes cultures avec des coûts assez faibles grâce à une technologie de capteurs connectés qui démultiplie l’efficience de l’eau d’irrigation.

Demain, nous serons à la fois beaucoup plus productivistes et beaucoup moins agressifs pour notre environnement. Nous allons clairement vers un changement de modèle de notre agriculture. Nous ne sommes plus qu’à un saut de l’automatisation complète de l’activité agricole. Se pose le problème de la propriété des données. Aux États-Unis, un débat a eu lieu. La National Farming Association (syndicat d’agriculteurs, NDLR) a obtenu que la propriété revienne aux agriculteurs.

À qui appartiendront les données ?

En Europe, le débat n’est pas tranché. L’analyse des données peut aboutir au pire comme au meilleur. Un principe devrait être directeur. En démocratie, les sphères publique et politique doivent être transparentes. Les données qui relèvent du privé doivent être protégées. L’inverse, c’est la dictature.

Se doter d’un système de garantie de l’utilisation des données n’est pas suffisant pour réussir sa transformation digitale. Certaines entreprises sont passées à côté, à l’image de l’hôtellerie qui fait face aux tout puissants booking.com et autres Airbnb. Les grandes entreprises établies ne sont pas condamnées à perdre la bataille. En revanche, elles doivent se réorganiser en profondeur autour de la gestion des données.

(1) Ancien président du Conseil national du numérique.