En 2020, 95 communes ou intercommunalités alsaciennes ont sollicité la chambre d’agriculture pour envisager des remèdes aux coulées de boues qui les ont affectées. « Nous effectuons un diagnostic du risque et soumettons des plans d’action aux agriculteurs volontaires, détaille Rémy Michael, responsable érosion et coulées de boue de l’organisme consulaire. Ils peuvent opter pour un dispositif de captage comme une fascine, une haie ou du miscanthus. Nous présentons l’assolement concerté et en profitons pour parler du non-labour. C’est la solution la plus efficace. Elle évite le démarrage du processus de coulée. »

Des terres plus homogènes

Six agriculteurs de Morschwiller (Bas-Rhin) sont des convaincus de la première heure. Ils ont fait face à des pluies intenses en 2003, 2006, 2007 et 2010. Elles ont laissé des ornières dans les parcelles et des caves inondées dans le village. Ils décident dès 2004 d’un assolement concerté et plus diversifié sur deux ans et mettent 70 % des 430 ha du ban communal en non-labour. « Nous avons acheté un décompacteur, un chisel et un broyeur en commun », raconte Hubert Kandel, producteur de lait et maire.

 

En 2008, 98 % des surfaces exploitées par ce groupe d’agriculteurs sont passées en non-labour. « Il y a davantage de racines qui maintiennent les mottes. L’érosion a baissé. Les terres peuvent encaisser sans problème 30 à 50 mm tombant en trente minutes. Elles sont plus homogènes et les rendements un peu supérieurs », poursuit Hubert Kandel. Le groupe anticipe la sortie du glyphosate en associant des plantes compagnes gélives au colza, en augmentant les doses d’herbicides autorisés et le faux semis. Deux villages voisins les imitent, l’un depuis 2015, l’autre depuis 2020.

 

Chaque agriculteur est dédommagé par sa collectivité partenaire. Dans le Haut-Rhin, le calcul est basé sur la perte de marge brute, réactualisée chaque année. Dans le Bas-Rhin, il prend en compte la perte de jouissance et la gêne dans le travail sur la surface touchée. L’indemnisation annuelle oscille entre 8 et 18 €/are, selon la présence ou non de cultures spéciales.