Jean-Marc Restif est producteur de lait à Domagné (Ille-et-Vilaine), en bio depuis vingt-deux ans, avec 70 vaches et 49 hectares. À 63 ans, la reprise était prévue par son employé en 2022. Mais en juillet 2020, il y a eu un retournement de situation : « Mon salarié a saisi une opportunité à côté de la ferme de ses parents, raconte l’éleveur. Depuis, je me suis inscrit au Répertoire départ installation (RDI). Après plusieurs contacts, j’ai bon espoir de trouver un repreneur, mais la transmission, ce n’est pas si simple. »

Comme Jean-Marc, 30 % des éleveurs bio de Bretagne partiront à la retraite dans les sept ans qui viennent. Mais en bio comme en conventionnel, il n’y a pas assez de candidats. À l’heure actuelle, seul un tiers des cessations d’activité en bio donnent lieu à une installation. Dans les deux tiers des cas, les terres sont reprises par des agriculteurs déjà actifs et pas forcément bio. « Ce phénomène fragilise la pérennité des exploitations labellisées AB (agriculture biologique) », explique Louise Le Moing, de la Frab Bretagne. Le retour au conventionnel, c’est la grande crainte des cédants. « Mon objectif a toujours été de transmettre à un jeune en bio, confirme Jean-Marc Restif. Ce serait une immense déception après avoir développé cet outil qui m’a permis de bien vivre. »

Rassurer et informer les candidats

Pour Julien Sauvée, président de la Frab Bretagne, « il y a une méconnaissance des métiers de l’élevage ». C’est pourquoi l’organisme a lancé une campagne de communication sur les réseaux sociaux (lire l’encadré) : « Nous voulons montrer qu’il est possible de reprendre un élevage bio dans de bonnes conditions économiques et de travail. »

Grâce à leur taille modeste, les fermes laitières peuvent présenter des capitaux limités, ce qui favorise leur transmission en limitant les investissements. « La demande en lait, œufs, fromage et viande est en pleine croissance. Une installation en bio est une opportunité, car c’est une plus grande sécurité de revenu, estime Julien Sauvée. Nous sommes impliqués dans les filières avec la responsabilité de réguler le marché, si nécessaire, pour s’assurer un avenir. »

Isabelle Lejas