Il se nomme RHDV2 : ce variant pathogène du virus de la maladie hémorragique virale du lapin (Rabbit haemorrhagic disease virus, RHDV, ou Viral haemorrhagic disease, VHD) est apparu en Europe en 2010 (1). Il continue de circuler en élevage et dans la faune sauvage, avec une recrudescence des cas depuis 2016.

Les éleveurs sont démunis, au point que la lutte contre cette maladie figure parmi les priorités du plan de filière cunicole (lire ci-contre). Il n’existe pas de traitement curatif. La lutte passe donc par la prévention, avec deux axes : la vaccination et la biosécurité.

Vaccination insuffisante

La vaccination est la mesure la plus efficace contre le RHDV2. En effet, « il existe deux vaccins, qui protègent quasiment à 100 %, explique Samuel Boucher, vétérinaire en Vendée. Mais ils sont coûteux, du fait de la méthode de production. » Leur prix représente une part importante de la marge par lapin, dissuadant les éleveurs de vacciner l’ensemble des animaux. « Si le cheptel reproducteur est globalement bien protégé, ce n’est pas satisfaisant, souligne Samuel Boucher. Il faudrait aussi vacciner les lapins en croissance, à vingt-huit jours. » Il rappelle que la mortalité est de 35 à 40 %, et peut même grimper jusqu’à 100 %.

Pour stopper une maladie virale, il faut vacciner au moins 70 % de la population sensible. Dans le cas de la VHD, outre les élevages, il faudrait inclure les lapins de compagnie, de clapier et surtout les lapins de garenne. Or, l’Office national de la chasse et de la faune sauvage préfère une autre stratégie : que le lapin s’adapte au virus et acquière une résistance, quitte à subir une forte mortalité les premières années. « Le problème, c’est qu’il faut compter plusieurs décennies, souligne le vétérinaire. Ce n’est pas la temporalité de l’élevage. »

Hygiène stricte requise

Tant que l’option « vaccination » n’est pas accessible économiquement, la seule mesure alternative est la biosécurité, afin de limiter l’introduction du virus et sa circulation dans l’élevage. Elle repose sur des mesures d’hygiène stricte, des bâtiments adaptés et une circulation des personnes et des véhicules restreinte. Par exemple, les fourrages et la paille peuvent être une source de contamination via les lapins sauvages, de même que les chiens, les visiteurs, le matériel de tatouage commun à plusieurs élevages, le prêt ou l’échange de reproducteurs…

(1) Le premier variant de la VHD, contre lequel le cheptel est bien vacciné, est apparu en France en 1988.