Presser des pellets de paille, de luzerne ou de foin au champ afin d’obtenir un produit directement commercialisable, peu encombrant et facile à transporter, c’est le pari réussi par les équipes de développement du groupe Krone, qui sont parvenues à dépasser le stade du prototype avec la nouvelle presse Premos 5000. Le constructeur allemand, qui s’exprimait début juillet à ce sujet dans le Calvados, promet la mise en vente de quelques unités dès 2020.
L’agriculteur et entrepreneur du Calvados Arnaud Besnier, situé à Villers-sur-Mer, a eu l’occasion de l’utiliser durant quinze jours cet été. « Cela faisait plusieurs années que je me renseignais sur ce type de machine car il y a une forte demande autour de moi. Il s’agit par exemple d’éleveurs de chevaux ou de bovins qui recherchent une nouvelle qualité de litière. Je songe également au débouché du petit conditionnement à destination des animaux de compagnie. Cette machine me donne aujourd’hui plein d’idées », se réjouit l’entrepreneur.
Conditions sèches
Après quelques jours d’essais, la satisfaction est au rendez-vous. « Nous avons réalisé des pellets de foin sur le front de mer. Toutefois, j’ai constaté que les conditions doivent être plus sèches que pour presser de façon classique, avec des fenêtres de travail plus serrées », explique Arnaud.
Nous l’avons suivi sur un chantier de pelletisation de paille en plaine sud de Caen. Vu de loin, l’image d’une force tranquille se dégage. Dans ces andains épais de paille d’orge, le tracteur de 500 ch ne dépasse guère 1 km/h. « C’est la vitesse idéale, confie Arnaud Besnier. La machine fonctionne mieux avec un andain épais et régulier. Ce qui compte, c’est de viser une bonne qualité de pellet tout en maintenant un débit optimal de 5 à 6 t/h. »
À l’arrière de l’attelage, la presse ne démérite pas et crache effectivement ses pellets au débit annoncé. La vigilance est de mise pour le chauffeur, qui ne doit pas oublier les 2 000 bars de pression exercés par les rouleaux. « C’est une machine qui nécessite d’être très à l’écoute de son tracteur, pour sentir au mieux le comportement de la matière et affiner régulièrement les réglages », insiste l’agriculteur entrepreneur. La vidange du réservoir de 9 000 l (5 à 6 t) doit être effectuée environ une fois par heure. La productivité est comparable aux machines de pelletisation à poste fixe.
L’andain alimente la presse par l’intermédiaire d’un pick-up relié à un tapis. Le travail de mise en forme des pellets est confié à deux gros cylindres de 80 cm de largeur et de 13 cm d’épaisseur montés en parallèle. Le rouleau supérieur est constitué de la matrice femelle percée de 2 489 rondelles. Le rouleau inférieur, formé de la matrice mâle, assure la compression par autant de petits picots. Les pellets ressortent par l’intérieur de la matrice femelle, d’où ils sont raclés par des couteaux à une longueur réglable entre 15 et 60 mm.
Produit aseptisé
L’utilisation la plus polyvalente se situe autour de 20-25 mm de longueur. Le diamètre de section des pellets est figé à 16 mm. La presse, soumise à de fortes pressions, chauffe le produit d’où il ressort à 80 °C environ. Cela offre l’avantage de perdre encore quelques points d’humidité et de produire des pellets aseptisés.
Le coût de la machine est annoncé par le constructeur à 500 000 € HT, incluant le dispositif d’utilisation à poste fixe, en cours de développement. « J’envisage cet investissement comme celui d’une unité 100 % industrielle qui tournera onze mois par an », souligne Arnaud. Il évalue entre 180 et 190 €/t le prix de revient des pellets, dont 120 à 140 €/t liés à la prestation de pelletisation. « Cela laisse une marge possible, sachant que l’on rencontre des prix de marché des pellets à plus de 300 €/t. »
Texte et photos Alexis Dufumier