Haut de gamme et performant avec son moteur à régime lent, le 728 possède une génération d’avance sur la concurrence. C’est aussi un tracteur un brin élitiste qui ne s'adresse pas à tous les chauffeurs.
Dans cet essai, il y a deux types de chauffeurs : ceux qui ont déjà conduit des Fendt et ceux qui les découvrent. Si les premiers peuvent rapidement appréhender la nouvelle ergonomie et en apprécier les possibilités, les seconds sont tout simplement incapables d’utiliser ce tracteur sans une bonne séance d’explication. Notre 728 est la version toute option avec le télégonflage intégré VarioGrip et la solution de pilotage sans volant ErgoSteer.Moteur : 7,5 l AgcoPowerPuissance maximale : 283 chEmpattement : 2,9 mPTAC : 15 tCapacité du relevage arrière : 11 tCabineNous prenons place dans une cabine à quatre montants qui respire la qualité et le soin porté aux détails. Le siège Grammer est la version haut de gamme avec dossier coulissant, chauffage et ventilation intégrés. Nous ajustons le volant avec une pédale. Sur l’accoudoir de droite se trouve le joystick de l’ErgoSteer. Comme nous ne voyons pas d’intérêt à l'utiliser pour nos travaux, nous relevons l’accoudoir. La cabine intègre trois écrans de grande taille et dotés d’une bonne définition. L’un d’eux est le tableau de bord, placé derrière le volant. Comme sur toutes les générations précédentes, les prises pour les boîtiers supplémentaires sont placées dans le toit. (© Gutner) ErgonomieEn prenant place au volant du Fendt, on pourrait se croire un moment à bord d’un Rafale. Toutes les commandes sont regroupées sur l’accoudoir et le joystick mais il y a une multitude de petits boutons, portant des led colorées. Il faut un petit moment pour bien comprendre la signification de ces dernières. Ainsi, les éclairages horizontaux indiquent l’activation ou non de la fonction tandis que les led verticales changent de couleur selon l'utilisation ou le distributeur qui leur est attribué. Le joystick est massif et sa base très épaisse. Il porte les mêmes commandes que sur les versions précédentes mais elles ont été modernisées. On retrouve ainsi les 4 boutons Go/End turquoise au centre, que nous utiliseront pour les séquences de bout de champs.Les nombreuses commandes personnalisables sont toutes disposées sur la même rangée, ce qui facilite leur recherche. On apprécie des petits détails qui améliorent l’ergonomie comme les programmes d’éclairage commandés depuis le levier d’inverseur. Les deux écrans disposent d’une navigation intuitive. Ils communiquent entre eux et on peut afficher les paramètres du guidage sur le second terminal, une fois que nous l’avons paramétré sur le premier. L'accoudoir de la Gen 7 de Fendt a des allures de cockpit d'avion avec un grand nombre de boutons, éclairés par des led. (© Gutner) MoteurLe 728 reçoit le moteur maison AgcoPower Core75 de 7,5 l, qui a la particularité d’être à régime lent. Il est équipé du dispositif Dynamic Performance qui apporte 20 ch supplémentaires. Ce n’est pas exactement un boost mais plutôt un système de compensation de perte de puissance. Le ventilateur concentrique poussant est équipé d’un entraînement hydraulique indépendant. Il est également réversible. L’accélérateur à main est une molette placée sur le côté de l’accoudoir. Deux régimes moteurs sont mémorisables et activés avec deux boutons placés au pied du joystick.TransmissionFendt équipe son 728 de sa variation continue Vario TA 190. Il n’y a pas de gamme de travail. En revanche, comme sur les versions précédentes, il est possible de piloter au joystick ou à la pédale mais il est nécessaire d’activer un bouton pour passer d’une conduite à l’autre. C’est pénible mais ce n’est pas près de changer. En effet, cette solution permet de programmer des courses différentes pour la pédale et le joystick, ce qui est demandé par les agriculteurs allemands. Ces derniers ont en effet bien du mal à gérer leurs bennes 4 roues à plaque tournante avec une pédale trop réactive. Les Français devront donc faire avec. À part ça, la conduite est classique : plus on pousse, plus on avance et c’est l’inverse en marche arrière.Il est possible de mémoriser deux vitesses cible, sélectionnées au pied du joystick et activées en basculant ce dernier vers la droite. La vitesse cible s’ajuste ensuite en roulant avec la petite molette située le long du joystick. Une troisième vitesse cible spécifique pour la pédale est également disponible. Fendt propose une solution automatique en fonction de la charge et différents paramètres pour la gestion du superviseur de sous régime. Nous avons opté pour cette solution plutôt que pour le réglage manuel. L’inversion du sens de marche s’effectue avec la petite manette à gauche au volant, qui a évolué mais n’est toujours pas ergonomique ou en basculant simplement le joystick vers la gauche. Le levier en croix 3L comporte également un bouton pour l’inverseur.RelevageLe relevage avant offre une capacité de 5,3 t tandis que celui de l’arrière peut lever 11 t. Fendt a apporté un soin tout particulier à la finition avec par exemple des graduations le long des chandelles, qui facilitent leur réglage, un système d’assistance à poulie pour le troisième point hydraulique ou encore des stabilisateurs automatiques à verrouillage rapide. Les chandelles sont protégées de la poussière par des soufflets en caoutchouc.En cabine, Fendt cède à la mode lancée par son concurrent américain et pilote désormais les deux relevages avec deux palettes de type bout des doigts. Chacune est bordée par son contrôle de profondeur. Jusque-là, tout va bien. Sur le menu Relevage du terminal, nous constatons qu’il est possible de mémoriser deux profondeurs de travail. Pour passer de l’une à l’autre, il faut utiliser un bouton caché sur le côté droit de l’accoudoir, ce qui complique grandement l’opération. À part ça, le menu a été simplifié et comprend uniquement les réglages auxiliaires nécessaires, dont le contrôle d’effort. Il est possible d’affecter le contrôle de la montée et descente du relevage sur les touches programmables, en particulier les Go/End sur le joystick. Le gros bouton caché sur le côté de l'accoudoir permet de changer de profondeur de travail cible pour le relevage. (© C. Le Gall/GFA) HydrauliqueLe 728 comprend deux distributeurs à l’avant et 5 à l’arrière, alimentés par une pompe de 220 l/min. En cabine, deux distributeurs sont pilotés sur le joystick, quatre avec les palettes sur l’accoudoir et six avec le levier en croix 3L. L’affectation des distributeurs aux différentes commandes est réalisée dans le terminal, avec des schémas très clairs. La couleur des led qui encadrent chaque bouton change en fonction du distributeur affecté. Une gâchette placée derrière le levier 3L permet de piloter deux distributeurs différents lorsqu’elle est maintenue vers le bas et deux autres lorsqu’elle est basculée vers le haut. À cela s’ajoute la mini-molette placée au sommet pour les 3e et 4e fonctions. À chaque fois, la couleur des led sur le pommeau change. Débit et temporisation se paramètrent dans les deux sens. Le levier hydraulique 3L peuvent piloter six distributeur grâce à une gâchette à deux positions placée sur sa face inférieure. Les distributeurs concernés s'affichent en couleur sur le pommeau. (© C. Le Gall/GFA) Prise de forceNotre Fendt propose les quatre régimes de prise de force. Ils s’activent dans le terminal, comme l’automatisme. Celui-ci s’ajuste dans les réglages avancés du relevage.PontsLe 728 est équipé du VarioDrive, le pont avant est donc toujours engagé. Le blocage de différentiel s’active avec deux boutons présents sur la rampe de commandes personnalisables.MaintenanceUne fois le capot principal ouvert, il reste encore deux carters à démonter pour accéder aux éléments nécessitant un entretien ou un contrôle régulier. Nous regrettons l’absence d’espace pour souffler les radiateurs, même s’ils sont équipés d’un ventilateur réversible. Le filtre à air moteur est coincé en haut du bloc. Son démontage, pour le souffler n’est pas aisé. Le bouchon d’huile moteur fait également jauge, et ne nécessite aucun démontage pour y accéder. Le compartiment de la batterie abrite aussi une caisse à outils. (© P. Denis/GFA) Paul Denis, Louis Duval, Corinne Le Gall et Pierre Peeters Au déchaumage (© Gutner) L’attelage du Cobra s’effectue rapidement grâce à une bonne visibilité sur les bras et des distributeurs bien placés. En revanche, comme d’habitude, les commandes de montée et descente des bras sur les ailes sont inversées, avec la descente en haut, et nous tombons dans le piège. Une fois en cabine, nous prenons le temps d’affecter les distributeurs en installant le chariot et la profondeur de travail sur le joystick principal et les deux autres commandes sur le levier en croix 3L. Nous pouvons nommer chaque distributeur selon sa fonction, ce qui est un gros avantage quand plusieurs chauffeurs se succèdent. Nous optons pour une conduite intégralement au joystick afin d’éviter d’appuyer sur le bouton pour commuter vers la conduite à la pédale. Nous fixons notre vitesse cible pour le champ à 10 km/h et donnons une impulsion vers la droite pour l’engager. Nous ajustons la réactivité de la transmission avec la gâchette située derrière le pommeau. Nous mesurons immédiatement l’avantage du moteur à régime lent puisque notre 728 se promène à 1 300 tr/min. Nos tentatives de régler nous-même le superviseur de sous-régime nous prouvent que l’Auto est plus efficace. Nous programmons deux séquences de bout de champ, pour l’entrée et la sortie de fourrière, que nous pilotons avec les boutons Go et End. Enfin, le guidage n’est pas totalement intuitif mais nous réussissons sans problème à tracer la ligne de référence A-B. Les commandes personnalisables sont toutes regroupées sur la couronne supérieure. Des led de couleurs renseignent sur l'affectation des distributeurs. (© C. Le Gall/GFA) Au transport (© Gutner) Sur la route avec le Fendt, la première impression qui se dégage est la visibilité sur l’extérieur, inégalée ! Le pare-brise panoramique, combiné à des montants assez fins, donne vraiment une impression de volume. Le confort du tracteur est au rendez-vous et la position de conduite est agréable, y compris pour notre bras droit qui évolue pourtant autour du gros joystick. Nous choisissons de conduire à la pédale. Il faut d'abord sélectionner le bon mode dans sur l’accoudoir, puis la vitesse maxi avec une molette. Nous optons pour une agressivité de boîte plutôt élevée afin d’avoir le plus de répondant possible. Sur notre parcours, le tracteur s’en sort bien. Le régime moteur toujours bas reste surprenant, entre 1 300 et 1 400 tr/min à 40 km/h avec la benne chargée. Nous pilotons l’essieu de notre remorque avec le joystick 3L. D’aspect plus convivial que le gros joystick bardé de boutons, il se prête bien à cette utilisation ponctuelle. Cet écran de travail permet de visualiser tous les réglages essentiels du tracteur. (© C. Le Gall/GFA) Les plusConfort de conduiteMoteur à régime lentSuperviseur de sous-régime automatiqueLes moinsCommandes relevage inversées à l’extérieurPris en main compliquée pour un néophyteBouton de passage de pédale à joystick