Avec sa boîte TTV simple à programmer et ses commandes utilisables sans recourir au terminal, le 8280 est toujours le premier sur le chantier. Il ne lui manque plus qu’une cabine à la hauteur du reste.
Si ce n’est toi, c’est donc ton frère ! Le 8280 qui se présente à notre essai ressemble à s’y méprendre aux Série 7 et à la Série 9. Même bouille racée, même cabine et même logique de boîte, un chauffeur rompu à la conduite d’un Deutz-Fahr ne sera pas perdu. Il est ici en finition Warrior avec la nouvelle livrée Java Green, un brin plus clinquante que l’habituel noir de cette version.Moteur : 6,1 l Deutz AGPuissance maximale : 287 chEmpattement : 2,92 mPTAC : 16 tCapacité du relevage arrière : 11,1 tCabineQuatre marches zinguées nous mènent en cabine où nous prenons place sur un siège Grammer. Nous sommes immédiatement confrontés au point faible du Deutz-Fahr : sa cabine à six montants. Proposée depuis plusieurs années, elle offre un volume plus faible que ses concurrentes. Côté rangement, Deutz-Fahr propose un caisson climatisé sous le siège passager qui peut accueillir une grande bouteille.Les commandes sont majoritairement disposées sur l’accoudoir, y compris sous le repose-bras qui s’ouvre latéralement. Quelques boutons et le sélecteur de régime de la prise de force sont logés sur la console de droite. Phares et climatisation bénéficient de commandes physiques classiques. Sur ce tracteur, tout peut se faire sans le terminal, ce qui ne sera pas pour déplaire aux chauffeurs un peu réfractaires au tout-numérique. Notons qu’il est possible d’utiliser un simple iPad comme second écran et de le connecter au terminal iMonitor par WiFi. La cabine est construite sur une structure à six montants. Les deux montants intermédiaires très épais renforcent l'impression de volume limité. (© Gutner) ErgonomieL’ergonomie alterne l’efficace et le moins bon. Ainsi, on trouve un nombre important de boutons sur l’accoudoir. Heureusement, le constructeur emploie un code couleur utile qui indique à quelle fonction se rapporte chaque commande. Grâce à lui, un chauffeur qui n’a jamais conduit de Deutz-Fahr peut prendre en main le tracteur rapidement. Nous avons apprécié le joystick dont la forme est confortable et qui comprend toutes les commandes essentielles. Le 8280 comporte plusieurs touches personnalisables dont le bouton Comfort Tip, les Aux-In des distributeurs et les touches F. Ces boutons F1, F2 et F3 sont logés au pied du terminal, ce qui n’est pas l’emplacement le plus pratique.Le terminal iMonitor 3 bénéficie de la nouvelle interface Horizon 5, qui apporte notamment un mode Nuit. La navigation demande un peu de pratique et de nombreuses tentatives. Une fois qu’on a réussi à afficher la colonne d’icônes sur la droite, on peut paramétrer facilement le tracteur. Les habitués remarqueront que le terminal dans le montant avant droit a disparu. C’est désormais dans le petit écran du tableau de bord, et pas ailleurs, que doivent se faire certains réglages comme l’utilisation de l’accélérateur à main pour piloter la boîte. L'accoudoir comporte une grande quantité de boutons, y compris tous les potentiomètres des réglages auxiliaires du relevage, sous le repose-bras. (© Gutner) MoteurNotre 8280 est motorisé par un bloc Deutz AG de 6,1 l délivrant 287 ch. Le boost n’est pas disponible sur ce modèle. L’accélérateur à main est placé sur la droite de l’accoudoir. Il a la particularité de pouvoir être utilisé aussi bien pour contrôler le régime moteur que pour piloter la boîte, en alternative à la pédale. Pour changer son utilisation, il faut toutefois se rendre dans le petit écran du tableau de bord, ce qui est dommage compte tenu des possibilités du terminal iMonitor. Deux régimes moteurs peuvent être mémorisés.TransmissionLe Série 8 est doté d’une variation continue TTV maison, qui se conduit à la pédale. Le joystick ne sert qu’à fixer la vitesse cible, atteinte lorsque la pédale d’avancement arrive en bout de course. Par défaut, le mode Auto, qui gère le rapport entre la boîte et le régime moteur en fonction de la consigne de vitesse, est engagé. Il est possible d’activer le mode Manuel. Dès que la prise de force est embrayée, le mode PTO est automatiquement sélectionné. Un bouton Mode placé sur l’accoudoir passe d’Auto à Manuel et PTO.L’utilisation de la boîte est plus simple que chez les concurrents car il n’y a ni plage de travail, ni mode route ou champ. On sélectionne simplement une vitesse cible en poussant le joystick, on l’ajuste avec la molette qui se trouve au niveau du pouce, on enfonce la pédale et c’est parti ! Deutz-Fahr offre la possibilité de programmer deux vitesses cibles dans chaque sens de marche, activées depuis le joystick. Le superviseur de sous-régime se règle directement sur l’accoudoir avec l’EcoPower. Plus on tourne ce bouton vers la gauche, plus la chute de régime tolérée sera importante. L’inversion du sens de marche s’effectue avec le levier placé à gauche au volant, dont la réactivité est réglable directement sur l’inverseur ou avec les boutons sur le joystick.Deutz-Fahr propose aussi deux fonctions avancées. La première est un frein moteur supplémentaire en relâchant la pédale et en appuyant sur le bouton de la marche arrière de l’inverseur du joystick. La seconde est un boost au démarrage en enfonçant la pédale et en appuyant sur le bouton de la marche avant. Le bouton orange Eco/Power règle le superviseur de sous-régime. RelevageLe 8280 est équipé d’un relevage avant de 5,4 t de capacité et d’un relevage arrière de 11,1 t. Les deux sont pilotés depuis le joystick, avec deux boutons chacun. Nous les avons trouvés un peu trop proches et les avons parfois confondus dans la précipitation. Cette commande spécifique pour le relevage avant évite toutefois de chercher à quel distributeur elle a été affectée. La profondeur de travail se règle avec une molette classique par relevage, idéalement placée sur le côté droit de l’accoudoir.Tous les réglages auxiliaires sont dissimulés sous le repose-bras et se réalisent avec des potentiomètres, ce qui est simple et rapide. C’est aussi la solution la plus pratique au labour pour le contrôle d’effort.HydrauliqueLe circuit hydraulique est alimenté par une pompe débitant 210 l/min. 90 litres sont exportables. Les distributeurs sont placés de part et d’autre du troisième point. Il y a une subtilité sur leurs capots. Lorsque le « + » est en haut, le distributeur peut délivrer 110 l/min. Lorsque le « ? » est en haut, comme sur les deux distributeurs de droite, le débit est de 140 l/min.En cabine, toutes les commandes sont proportionnelles, y compris les deux placées sur le joystick. Il y a également trois commandes de type palette, dotées d’une grande course déroutante, et un levier en croix à la droite des palettes.Ce regroupement des commandes de distributeurs nous facilite la tâche. Sur le terminal, nous affectons chaque distributeur à la commande de notre choix grâce à des schémas simples de tous les boutons concernés. Nous pouvons paramétrer le débit dans chaque sens et une temporisation unique pour chaque distributeur. Les distributeurs qui portent un moins en haut ont un débit hydraulique plus important que les autres. (© C. Le Gall/GFA) Prise de forceDeutz-Fahr propose trois régimes de prise de force (540/1000 et 1000 Eco) activés avec un sélecteur électrique sur la console de droite. La hauteur des bras pour l’engagement et le désengagement de l’automatisme s’ajuste dans le menu relevage du terminal, pour l’avant et pour l’arrière.PontsComme sur tous ses tracteurs, Deutz-Fahr propose le système ASM qui gère automatiquement et conjointement l’engagement du pont avant et le blocage du différentiel arrière. Tous les automatismes sont ajustables dans le terminal.MaintenanceUne fois le capot ouvert, nous nous retrouvons nez à nez avec le filtre à air moteur qui est idéalement placé à l’avant des radiateurs. Nous basculons ces derniers vers le haut, aidés par deux vérins à gaz. Cela nous offre un bel espace pour souffler. C’est plus compliqué pour accéder aux filtres de cabine, installés dans les montants arrière de celle-ci, en hauteur. Une partie des radiateurs se basculent vers le haut pour simplifier le soufflage des résidus. (© P. Denis/GFA) Paul Denis, Louis Duval, Corinne Le Gall et Pierre Peeters Au déchaumage (© Gutner) Avant toute chose, en cabine, il faut déverrouiller l’hydraulique et le relevage. L’attelage du Cobra s’effectue ensuite rapidement. La petite vitre inférieure à l’arrière offre une vue imprenable sur les bras. Les distributeurs, et surtout les mains pour le branchement du freinage pneumatique, sont bien placés. En revanche, les commandes externes sont trop hautes pour être confortables. Nous constatons aussi que le dételage sera compliqué car il n’y a pas de manettes de décompression. Il faudra donc forcer sur les huit flexibles. En cabine, nous sommes en mesure d’attribuer le relevage du chariot et le réglage de la profondeur aux distributeurs du joystick, puisqu’ils sont proportionnels. Pour utiliser la transmission, il suffit d’appuyer sur la pédale et de régler la vitesse cible avec le joystick. Même un chauffeur qui n’est jamais monté dans un Deutz-Fahr est en mesure de commencer le travail en moins de cinq minutes. Nous débutons le scalpage avec le superviseur réglé en position Power mais trouvons que le moteur tourne un peu haut. Nous augmentons la tolérance de chute de régime et sommes en mesure de travailler autour de 1 450 tr/min à 10 km/h. Nous programmons une séquence de fourrières sans difficulté, activée avec le bouton Comfort Tip du joystick. C’est plus compliqué pour le guidage avec plusieurs fonctions à déverrouiller en cabine et, surtout, l’absence de bouton dédié sur l’accoudoir ou le joystick. Pour éviter de lancer le guidage sur l’écran, nous l’attribuons à la touche F1, ce qui n’est pas non plus idéal compte tenu de son emplacement au pied du terminal. La programmation des séquences en fourrière est simple et rapide. Les deux opérations d'entrée et sortie de champ sont sur la même séquence, séparées par une pause. (© C. Le Gall/GFA) Au transport (© Gutner) Sur la route, nous remarquons l’apparition d’un bourdonnement assez désagréable dès que le moteur monte dans les tours. La commande du clignotant est assez massive et malheureusement dépourvue de retour automatique. Nous disposons la commande de l’essieu sur l’un des deux distributeurs du joystick. Cette solution est très ergonomique, la mise en position flottante l’est tout autant. C’est bien fait et agréable à piloter.Le frein moteur est automatique. Dès que l’on relâche la pédale, il a un objectif « zéro ». Il est possible de paramétrer une plage de vitesse. Sur ce tracteur homologué à 60 km/h, nous avions opté pour un maximum de 35 km/h afin de bien respecter la réglementation. Cette limitation permet aussi de gagner en précision avec la pédale, dont la course s’adapte. Le paramétrage des commandes des distributeurs s'effectue facilement et sans risque d'erreur. (© C. Le Gall/GFA) Les plusJoystick complet et ergonomique.Distributeurs proportionnels sur le joystick.Programmation intuitive des séquences en fourrière.Les moinsPas de manette de décompression pour les distributeurs.Commandes extérieures du relevage beaucoup trop hautes.Espace en cabine.