Le Q 265 est un tracteur bien pensé et efficace, offrant de nombreuses possibilités. La rusticité du joystick dénote avec le reste de l’engin.
Lancée fin 2022, la série Q vient combler un vide dans le catalogue Valtra entre les séries T et S. Ce pur finlandais se présente à l’essai dans sa livrée gris titan, chaussé de pneus Nokian et équipé du télégonflage PTG.Moteur : 7,4 l AgcoPowerPuissance maximale : 290 chEmpattement : 3,06 mPTAC : 16 tCapacité du relevage arrière : 10 tCabineQuatre marches en pente douce nous conduisent au poste de conduite. Nous prenons place sur un siège Grammer à dossier coulissant et ajustons le volant avec une pédale. Fidèle à ses principes, Valtra propose un petit volant typé sport, qui surprend toujours au début. Notre Q 265 est passé par le studio de personnalisation Unlimited et en est ressorti avec certaines adaptations comme le caisson de basses qui transforme la cabine à quatre montants en boîte de nuit. Cette dernière dispose d’une suspension mécanique. Elle est richement dotée en solutions de rangement avec une grande case fermée derrière le volant et une boîte isotherme derrière le passager. Les informations du tableau de bord prennent place sur un écran paramétrable dans le montant avant droit. La cabine embarque quatre écran : celui du tableau de bord dans le montant droit, le terminal principal en bout d’accoudoir, le second terminal dans le toit et le boîtier de la radio. (© Gutner) ErgonomieLe Q 265 propose l’une des meilleures ergonomies de l’essai avec un nombre maîtrisé de commandes sur l’accoudoir et surtout des boutons regroupés par importance. Ceux qui pilotent le moteur, les ponts et l’hydraulique sont placés vers l’avant tandis que les commandes des phares, climatisation et radio sont plus en arrière. Tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes si Valtra n’avait pas opté pour ce joystick anguleux. La forme rappelle volontairement une crosse de hockey, sport national finlandais, mais il n’est pas des plus confortable. Ses boutons sont en plastique dur, ce qui n’atténue pas la sensation de rusticité.C’est un peu dommage car le terminal est un modèle du genre. Clair, simple, convivial, il est difficile de faire mieux. On accède aux différents menus de réglage grâce à un schéma de tracteur avec les différentes fonctions, qui sont cliquables. Trois touches M1, M2 et M3 sont configurables, de même que tous les distributeurs. Un second écran est présent et le chauffeur lui affecte l’affichage souhaité en cliquant sur l’icône « deuxième écran SmartTouch ». Difficile de faire plus clair. L’ergonomie est l’une meilleure du comparatif, avec des boutons bien regroupés par fonction et importance. (© Gutner) Le joystick est anguleux et peu confortable, tout comme la majorité de ses boutons en plastique dur. (© C. Le Gall/GFA) MoteurLe Q est motorisé par un bloc maison AgcoPower de 7,4 l délivrant 265 ch de puissance maxi et jusqu’à 290 ch avec le boost. L’accélérateur à main est placé sur le côté gauche de l’accoudoir. Deux boutons de mémorisation de régime sont installés dans le bloc de commandes principales sur l’accoudoir. Elles se programment soit avec un appui long lorsque le régime moteur est satisfaisant, soit directement dans le terminal dans le menu consacré au moteur. Au même endroit, il est possible de régler les régimes mini et maxi. Un diagramme représentant un compte-tour permet de visualiser clairement les quatre paramètres.TransmissionContrairement aux N et aux T, le Q ne reçoit pas une boîte Valtra mais une variation continue Agco produite en Bavière. Elle se pilote indifféremment à la pédale ou au joystick, sans manipulation particulière. Avec cette configuration, tous les réglages de la pédale (course, réactivité…) sont identiques à ceux du joystick. Par défaut, le moteur Auto est engagé. Un bouton sur l’accoudoir active le mode Manuel. La boîte évolue sur deux plages de vitesse, A pour le champ et B pour la route, sélectionnées avec les boutons + et — du joystick. Ensuite, la conduite est simple : avec le joystick ou la pédale, plus on pousse et plus on avance. Et c’est l’inverse en marche arrière avec le joystick.La vitesse cible s’ajuste dans le terminal ou avec la molette placée sur la partie inférieure du joystick. Elle s’active ensuite d’un clic de ce dernier sur la droite et se désactive en basculant ce levier sur la gauche. Dans le terminal, nous pouvons programmer deux vitesses qui s’activent automatiquement lors de l’inversion du sens de marche. Une solution intéressante au chargeur mais toujours dangereuse quand plusieurs chauffeurs se relaient au volant. Les paramétrages de la transmission sont simples et relativement peu nombreux, avec cinq positions pour le superviseur de sous-régime. (© C. Le Gall/GFA) Nous pouvons aussi régler la réactivité de l’inverseur et, comme depuis longtemps chez Valtra, un délai de réengagement du pont avant après le changement de sens de marché. Le superviseur de sous-régime se règle facilement selon cinq positions. L’inverseur au volant intègre la position de parking. Une gâchette placée sur le joystick joue aussi le rôle d’inverseur mais elle est assez inconfortable, en plastique dur, et nous évitons de l’employer. L’inverseur intègre une position pour le frein à main, déverrouillée avec une bague. (© C. Le Gall/GFA) RelevageLe relevage avant offre une capacité de 5 tonnes. Il s’accompagne de deux distributeurs et d’une prise Isobus. La capacité du relevage arrière atteint 10 tonnes. En cabine, il est piloté par deux boutons placés sur le joystick. Le contrôle de la profondeur est une manette graduée sur la gauche de l’accoudoir. Elle est précise et dispose d’un marqueur de position. Tous les réglages auxiliaires s’effectuent dans le terminal. Le contrôle de patinage et l’amortisseur d’oscillations s’activent en glissant une icône. La butée haute ainsi que les vitesses de montée et descente se sélectionnent selon trois positions. Le contrôle d’effort est accessible uniquement dans le terminal, ce qui n’est pas la solution la plus pratique pour les travaux lourds en terres hétérogènes. Le relevage avant se pilote avec un distributeur.HydrauliqueLe Q embarque 5 distributeurs à l’arrière, dont l’un est dédié au troisième point. Le circuit est alimenté par une pompe délivrant 205 l/min à un régime économique de 1 650 tr/min. En cabine, les distributeurs sont pilotés avec deux gâchettes horizontales sur le joystick, quatre palettes « bout des doigts » au centre de l’accoudoir et un levier en croix souple et précis.L’affectation des distributeurs aux différentes commandes s’effectue dans les menus dédiés à l’hydraulique avant et arrière ou dans celui de personnalisation de l’accoudoir. Une photo de l’accoudoir sur l’écran permet de changer la configuration des distributeurs sans risque d’erreur. Dans le menu de l’hydraulique, on règle également le débit et la temporisation pour chaque distributeur et dans les deux sens. Une touche active l’augmentation automatique du régime moteur lorsque l’hydraulique est sollicitée. L’affectation de toutes les commandes s’effectue sur cet écran qui affiche la photo de l’accoudoir. (© C. Le Gall/GFA) Prise de forceLe Q propose deux régimes, 540 E et 1 000 tr/min, sélectionnés dans le terminal. L’automatisme de prise de force se règle et surtout s’active dans le terminal. Le chauffeur peut aussi programmer d’autres automatismes comme un régime moteur dès que la prise de force est embrayée.PontsLe essieu avant du Q dispose de l’habituelle suspension sur coussins d’air. L’engagement du pont avant et le blocage du différentiel sont activés chacun par deux boutons sur l’accoudoir : un pour le fonctionnement permanent et l’autre pour l’automatisme. Ce dernier ne se règle pas. Valtra propose aussi une solution de braquage rapide.MaintenanceNous ouvrons le capot du Valtra avec la clé de contact. Il faut être vif pour la récupérer, car une fois libéré, le capot se lève rapidement et la clé peut rester sur la serrure. Une fois ouvert, nous avons accès aux radiateurs. Ces derniers sont fixes, mais disposent d’une trappe démontable sans outils. L’échelle de droite est très astucieuse, car en plus de nous permettre d’accéder à la plateforme, elle sert intègre la cuve de lave-glace. La lecture du niveau d’huile se fait quant à elle depuis le tableau de bord du tracteur. L’échelle d'accès côté droit fait office de réservoir de lave-glace. (© P. Denis) Paul Denis, Louis Duval, Corinne Le Gall et Pierre Peeters Au déchaumage Pendant le scalpage, nous pilotons la boîte avec le joystick et reprenons la conduite à la pédale dans les fourrières. (© Gutner) Nous reculons pour atteler le Cobra, bien aidés par la bonne visibilité sur les bras. Le branchement des distributeurs se fait sans difficulté. En revanche, nous devons grimper sur les bras pour atteindre les mains d’air du freinage pneumatique et la prise 12 volts, qui sont bien trop hautes. Une fois en cabine, nous naviguons dans l’écran sans tergiverser, car tout est bien identifié et logique. Même s’ils sont proportionnels, nous décidons de ne pas utiliser les distributeurs du joystick pour piloter notre scalpeur car nous les trouvons trop inconfortables. Nous affectons donc trois fonctions sur les palettes et la dernière sur le levier en croix. Nous programmons rapidement le débit et la temporisation de celui qui pilote le chariot et apprécions la possibilité de mettre un temps différent pour chaque sens.Une fois la plage de boîte A sélectionnée, nous poussons le levier et c’est parti. Avec la molette, nous ajustons la vitesse cible à 10 km/h et basculons le joystick sur la droite pour l’activer. Le régime moteur oscille autour de 1 600 tr/min. À la première fourrière, nous enregistrons une séquence. La solution de Valtra est un modèle du genre et nous apprécions l’utilisation de dessins, plus simple qu’une liste déroulante. La programmation du guidage aussi est optimale. En utilisant la solution de base qui consiste à appuyer sur GO et à se laisser guider, un néophyte peut tout à fait s’en sortir. Seul bémol, il faut activer plusieurs touches en cabine pour déverrouiller le guidage. Cet écran permet de visualiser d’un coup d’oeil tous les réglages principaux et de les modifier si nécessaire. (© C. Le Gall/GFA) Au transport (© Gutner) Il est temps de prendre la route. Avant de partir, on passe du rapport A au B, pour atteindre la vitesse max du tracteur. Avec la conduite à la pédale, la transmission fait preuve d’un bon frein moteur, sans avoir besoin d’utiliser le joystick. Pourtant notre frein moteur n’était réglé qu’à 3 sur 5. Pour piloter l’essieu de notre benne, nous avons paramétré le distributeur sur le joystick. C’est assez simple mais pas très agréable à manipuler. Grâce au télégonflage, nous adaptons la pression dans nos pneumatiques. Pour la route nous appliquons 1,9 bar dans chaque roue.La cabine semble un peu petite et la visibilité sur l’extérieur n’est pas la meilleure. Le tableau de bord dans le montant est bien clair, avec notre vitesse réelle indiquée en gros. Le petit volant est recouvert de cuir, ce qui lui confère un très bon grip à grande vitesse. Les mains de prise d’air du freinage pneumatique sont placées beaucoup trop haut. (© Gutner) Les plusLe terminal dans son ensembleFrein moteurSimplicité de programmationLes moinsForme du joystick et de ses boutonsLe siège ne se recule pas assezContrôle d’effort dans le terminal