« Nules, Artana, Villavieja, Burriana…Ici, c’est toute la production d’agrumes qui est par terre. » Juan Vicente Morros, directeur d’une coopérative San Josep à Burriana (Communauté de Valencia), n’en revient toujours pas. En quelques minutes, le 12 juillet dernier, dans ce haut lieu de la production espagnole d’agrumes, les pluies torrentielles accompagnées de grêle et de rafales de vents supérieures à 100 km/h ont anéanti la production de l’année.

Plus de 8 000 hectares

Au total, les intempéries ont frappé plus de 8 000 hectares de cultures, majoritairement de clémentines, mandarines et oranges. Des champs de melons, pastèques – dont la récolte était en cours – ont également subi des dommages ainsi que des avocatiers, oliviers et vignes. Ces pertes estimées à 29 millions d’euros se sont étendues au-delà de la communauté valencienne, dans le bas de l’Aragon et certaines zones de la Catalogne. « Parfois, la peau est abîmée et à l’intérieur le fruit est bon. Mais le marché international n’en voudra pas », s’exclame ce dirigeant estimant qu’il faudrait sensibiliser le consommateur à accepter des fruits moins beaux. En attendant, les producteurs se préparent à vendre leur récolte à perte (autour de 5 centimes le kilo) pour en faire de la nourriture pour animaux ou du jus de fruit.

« Nous sommes face à un événement exceptionnel, de sorte que les dommages répertoriés en une seule journée équivalent à l’ensemble de la grêle tombée lors des douze précédentes chutes de ce type depuis le début de 2025, concernant les agrumes », a estimé le ministre de l’agriculture de la province.

Déjà un lourd tribut en 2024

Ces événements se produisent alors que la province de Valencia peine déjà à se remettre de l’une des pires catastrophes naturelles de son histoire. En octobre dernier, des inondations dramatiques déclenchées par une goutte froide avaient déferlé mettant à mal plus de 20 000 hectares de cultures et des fermes d’élevage, générant des pertes au total supérieures à 1,2 milliard d’euros selon les organisations professionnelles L’Unio et Ava-Asaja. Les éleveurs avaient, de leur côté, déploré la mort de plus de 9 000 animaux et les apiculteurs, la disparition d’innombrables ruches.

Selon une étude scientifique de l’université de Stanford dans la revue Nature du 18 juin dernier, l’Espagne se situerait parmi les pays européens les plus exposés en termes de pertes agricoles liées au réchauffement climatique. Si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas réduites, selon les chercheurs, les cultures de riz, qui poussent notamment dans le delta de l’Ebre (Catalogne) ou dans la zone humide de l’Albufera valencienne, pourraient subir des pertes de l’ordre de 40 % d’ici la fin du siècle. Celles de blé de 25 %, et de maïs jusqu’à 40 %, surtout dans le sud du pays.