C’est dans le cadre de nos essais de tracteurs de forte puissance que Lemken nous a prêté un Karat 12 KUA. Cet appareil a été présenté lors de l’Agritechnica 2015. Il complète la gamme de Karat 9, composée de machines à trois rangées de dents. Le Karat 12 en est, quant à lui, armé de quatre. Elles sont suivies d’une rangée de disques de nivellement. Le tout est complété par un double rouleau. Cet outil est semi-porté. L’essieu de transport sépare l’équipement en deux parties, en venant se placer entre la dernière rangée de dents et les disques de nivellement. De chaque côté de la machine, une roue de jauge est présente à l’avant.

Grâce à un châssis aéré, la visibilité sur les dents depuis la cabine est très bonne. © P. Peeters
Grâce à un châssis aéré, la visibilité sur les dents depuis la cabine est très bonne. © P. Peeters

 

Les dents sont réparties pour passer tous les 23,4 cm. Elles sont munies d’une sécurité non-stop mécanique, au moyen d’un ressort. Ce dernier confère un effort de déclenchement à la pointe de 550 kg.

Une ergonomie travaillée

Avec quatre tracteurs différents se succédant devant le Karat, nous avons eu l’occasion de tester l’attelage. Nous constatons, sur cet appareil, le soin apporté aux finitions. Nous pouvons ranger les flexibles sur un grand magasin. Ceux-ci sont dotés de bouchons de couleurs pour les repérer. Ils sont identifiés par une lettre et un chiffre. Une étiquette, située sur l’attelage, nous indique, via ce code et un schéma, leurs fonctions.

 

Nos dents étaient équipées d’un soc étroit pour assurer un travail profond. Des ailettes sont aussi disponibles pour travailler plus superficiellement. © C. Faimali/GFA
Nos dents étaient équipées d’un soc étroit pour assurer un travail profond. Des ailettes sont aussi disponibles pour travailler plus superficiellement. © C. Faimali/GFA

Sur cet équipement, l’attelage se fait sur les bras de relevage mais aussi avec le troisième point. En effet, la tête d’attelage est similaire à celle d’un outil porté. Ce choix s’explique par la présence d’un système de report de charge. Les phases d’attelage sont, donc, un peu plus longues, mais une fois que nous avons pris l’habitude, elles se font sans difficulté.

En revanche, il faut bien veiller à ce qu’il n’y ait plus de pression dans le dispositif de report de charge lorsque nous dételons, au risque d’avoir une mauvaise surprise. Notons que le Karat 12 peut être remisé replié comme déplié.

Malgré sa position centrale, la réglette affichant le réglage de la profondeur manque parfois de visibilité. © C. Faimali
Malgré sa position centrale, la réglette affichant le réglage de la profondeur manque parfois de visibilité. © C. Faimali

 

Pour nos essais, nous décidons de travailler entre 15 et 20 cm de profondeur. Le réglage de cette dernière s’effectue hydrauliquement par le rouleau de rappui. Un seul distributeur double effet est nécessaire. Une réglette, positionnée à l’arrière de la machine, nous signale le réglage choisi. Sa petite taille et son emplacement ne l’aide pas à rester visible en permanence, notamment en présence de poussière. Pour autant, elle reste simple à lire. En modifiant le réglage du rouleau, les deux roues disposées à l’avant du Karat 12 KUA s’ajustent également. Le but de ces dernières n’est pas de supporter la machine, mais plutôt de maintenir une bonne stabilité à l’ensemble au travail. Nous sommes sûrs ainsi qu’elle ne s’enfonce pas de trop.

Le système étant dépourvu de cale, nous pouvons ajuster à tout moment, avec un seul distributeur, notre profondeur de travail. En fonction de celle-ci, il faudra surveiller le travail des disques niveleurs. En effet, un travail trop superficiel comme trop profond donnera un rendu vallonné. Ces derniers se règlent cette fois manuellement, par groupe de deux. Nous adaptons ensuite l’horizontalité du Karat en jouant sur la position du relevage arrière. Il faut, par ailleurs, ajuster le troisième point afin que la rotule reliant l’attelage trois points au timon garantisse le plus grand débattement possible. L’attelage possède un système de report de charge. Grâce à un vérin hydraulique, un effort de traction peut-être appliqué sur le troisième point du tracteur. Cette force va rajouter du poids sur l’essieu arrière du tracteur pour augmenter sa traction.

 

Les flexibles hydrauliques possèdent un magasin pour le remisage. Un code et une étiquette facilitent leur identification. © C. Faimali
Les flexibles hydrauliques possèdent un magasin pour le remisage. Un code et une étiquette facilitent leur identification. © C. Faimali

Le dispositif s’actionne facilement avec une vanne sur le vérin. Nous vérifions la pression appliquée, via un manomètre. Selon la répartition des masses du tracteur, l’utilisation du report de charge peut exiger un lestage plus conséquent à l’avant du tracteur, pour éviter de trop délester le pont avant.

Un travail soigné

Nous avons travaillé trois semaines avec le Karat 12 KUA et réalisé près de 40 ha. Si nous avons débuté dans des conditions sèches et poussiéreuses, nous avons terminé entre les gouttes dans des conditions très humides. Les terres collantes champenoises n’ont, cependant, pas eu raison de l’outil. Malgré un double rouleau bien garni de terre, ce dernier a démontré toute l’efficacité de son système autonettoyant.

Depuis la cabine, la visibilité sur les dents est très bonne. L’attelage sur les bras du tracteur, combiné à la longue flèche­ de la machine, nous facilite les manœuvres car nous pouvons tourner très court.

 

Le système de report de charge, sur l’atte­lage, applique un effort sur le troisième point qui ajoute de la charge sur l’essieu arrière et augmente la capacité de traction. © P. Peeters
Le système de report de charge, sur l’atte­lage, applique un effort sur le troisième point qui ajoute de la charge sur l’essieu arrière et augmente la capacité de traction. © P. Peeters

Nous avons travaillé avec plusieurs précédents. Après avoir procédé à un second déchaumage sur une trentaine d’hectares de colza, nous nous sommes affairés à détruire une luzerne de trois ans. Dans cette culture, pourvue d’un système racinaire profond et réputé compliqué à détruire, l’outil s’est montré plus tirant mais n’a jamais failli. Même sans ailettes, les repousses et la culture en place sont bien déchaussées. Le rouleau assure, d’autre part, un bon travail, en préparant un horizon régulier.

Taillé pour avaler les hectares, ce Karat 12 est polyvalent et tout terrain grâce à une conception avec quatre rangées de dents. Il faudra tout de même veiller à être équipé d’une belle cavalerie pour exploiter toutes ses possibilités.

Pierre Peeters