Entre le premier contact avec l’exploitant du parc et son inauguration en septembre 2020, il s’est passé quatorze ans. « Lorsque l’on commence à envisager l’implantation d’éoliennes, il faut savoir être patient, reconnaît Pierre-Henri Dudant, agriculteur à Bévillers, près de Caudry (Nord), et maire de sa commune. Au total, c’est un parc de 14 éoliennes qui est en fonctionnement près de Caudry, chez 8 agriculteurs de Béthencourt, Bévillers, Quiévy et Saint-Hilaire-lez-Cambrai. Le projet, qui correspond à un investissement de 48 millions d’euros, a été mené à bien par Engie Green.
Huit agriculteurs concernés
Il s’agit d’éoliennes Vestas de nouvelle génération, 80 m à la nacelle, 132 m au plus haut des pâles, plus puissantes que les précédentes : 3,6 mégawatts (MW) chacune. La production attendue est de plus de 110 000 mégawattheures (MWh) pour une puissance installée de 50,4 MW. Cela correspond à la consommation en électricité sur l’année d’une population de 50 000 habitants.
« Cinq éoliennes ont été implantées sur mon exploitation, à une distance de 600 m à 1 km du corps de ferme, et l’exploitation est assez loin du village, explique Vincent Douchet, producteur de grandes cultures à Béthencourt. Dans l’ensemble, le projet a fait l’objet de peu de réticences. L’emprise au sol est de 20 à 30 ares par installation, sans compter les chemins d’accès. »
Comme il n’est pas éleveur, les éoliennes n’ont pas l’impact qu’elles pourraient avoir sur des animaux. « Elles font un peu de bruit les jours de vent, comme si nous entendions la mer, mais sans nous gêner dans la cour de ferme ou la maison, poursuit l’agriculteur. Nous produisons des pommes de terre, et les frigos font finalement plus de bruit. » Un aménagement paysager de chaque installation est en cours d’étude.
50-50 avec le propriétaire
Engie Green a proposé aux agriculteurs et à leurs propriétaires un contrat sur vingt ans, avec une indemnité annuelle de 3 000 € par mégawatt installé, soit environ 10 000 € par éolienne de 3,6 MW. « La répartition de l’indemnité entre le propriétaire du terrain et l’agriculteur se fait au cas par cas, ajoute Vincent Douchet. Ici, nous sommes en général partis sur une répartition à 50-50, soit en gros pour l’agriculteur 5 000 € par an et par éolienne. Un complément de revenu que nous avons jugé intéressant. »
500 m3 de béton
Si la plupart des agriculteurs ont été rapidement favorables aux éoliennes, l’un de ceux qui en a implantées sur son exploitation, est plus réservé. « J’ai accepté parce qu’il valait mieux que ce soit chez moi que chez les autres, indique-t-il sous le couvert de l’anonymat. Mais j’ai beaucoup hésité, car le fait de disposer d’éoliennes n’empêche pas le recours à l’énergie nucléaire, les jours où il n’y a pas de vent. Le fait d’avoir injecté du béton dans le sol me gêne aussi. » Lors de la construction d’une éolienne, Engie Green a construit à plus de 2 m de profondeur une base de 500 m3 de béton de 22 m de diamètre.
L’implantation d’éoliennes présente un avantage fiscal pour les communes et collectivités locales concernées. Engie Green va verser chaque année une taxe de 600 000 €, destinée pour 30 % au département, 40 % aux communes et 30 % à l’intercommunalité.
Blandine Cailliez