À un peu plus de trois mois de l’élection présidentielle, le Ser a profité de la tenue de son colloque ce 31 janvier à la Maison de la Mutualité à Paris pour interpeller les principaux candidats sur les énergies renouvelables (ENR). Jean-Louis Bal, président du Ser, a ainsi demandé à ce que les postulants maintiennent dans leur programme la Programmation pluriannuelle de l’énergie, dite aussi PPE, ainsi que les dispositions relatives à la Loi de transition énergétique. « Nous demandons que soit préservée la visibilité apportée aux filières grâce à ces textes […] ainsi que les outils incitatifs qui y sont associés », comme les appels d’offres ou encore les tarifs d’achat. De manière plus spécifique, Jean-Louis Bal demande à ce que les nouveaux contrats d’injection de biométhane passent à une durée de 20 ans.

La part d’ENR dans le mix énergétique français divise

 

De manière générale, tous les représentants de candidats ont affirmé un engagement pour une progression des ENR. Mais c’est le choix du mix énergétique français qui divise. En effet, si Arnaud Leroy, représentant d’Emmanuel Macron « ne veut pas être ficelé par des objectifs » et souhaite une continuité avec les mesures prises dans la loi pour la transition énergétique, Yannick Jadot veut atteindre 40 % d’ENR dans le mix énergétique d’ici 2030, « associé aux économies d’énergie ». Le représentant de JL Mélanchon fait de la surenchère en proposant de « viser 100 % d’ENR d’ici 2050 ». Côté FN, l’objectif se cantonne à remplacer les énergies fossiles par les ENR. Le soutien de F. Fillon, Bertrand Pancher, souhaite-lui des objectifs « tenables et à atteindre […] à la différence de ceux du Grenelle et de la loi sur la transition énergétique pour lesquels ils sont en-deçà».

La promesse non tenue du doublement du fonds chaleur

 

Au-delà des instruments déjà en application, le Ser souhaite que les candidats s’engagent sur la biomasse et la géothermie. « Ségolène Royal a annoncé le doublement du fonds chaleur et ça n’a jamais été réalisé » précise Jean-Louis Bal. « Ce sont pourtant des sujets d’avenir et déjà importants ». Le Ser se montre par ailleurs préoccupé par l’objectif de diminution des biocarburants de première génération en 2020. « L’Europe doit maintenir le taux de 7 % » affirme le Ser. Pour la profession, cette part est compatible avec les biocarburants avancés, « dont les développements sont encore longs ». Peu d’éléments sur ces thèmes ont été donnés par les représentants des candidats.

Consensus pour un prix du carbone à la hausse

 

Parmi les autres demandes, les professionnels des ENR souhaitent un prix du CO2 suffisant « pour inverser l’ordre d’importance des énergies dans le pays », et pas symbolique comme ils le considèrent aujourd’hui. La contribution climat-énergie doit atteindre 56 euros la tonne de CO2 en 2020 au lieu de 22,5 euros aujourd’hui. « Cette trajectoire doit être confirmée dans chaque loi de finance » précise Jean-Louis Bal. Ce dernier demande aussi que biomasse et biocarburants ne soient à l’avenir plus soumis à cette contribution. Sur ce point, les représentants des candidats se sont montrés généralement favorables à une élévation du prix du carbone, notamment au niveau européen. C’est surtout le cadre d’action, à l’intérieur ou à l’extérieur de l’Union, comme l’envisage par exemple le FN, qui les sépare. Pour le camp Fillon, chercher à élever le prix du carbone doit être une initiative française au niveau européen qui « doit être réalisée dès l’élection ». « Cela commencera à avoir un sens à partir de 30 euros la tonne de CO2 » renchérit même le soutien de JL Mélanchon, même s’il émet un doute sur « la financiarisation des dégâts, c’est-à-dire l’établissement d’un droit à tricher ».

Plus de recherche et développement

 

Enfin, la profession demande un nouveau choc de simplification, notamment pour les délais d’instruction et les recours. Elle interpelle aussi les candidats pour qu’ils s’engagent à mettre sur pied des filières industrielles européennes solides et pérennes. L’innovation et la recherche-développement figurent aussi dans la liste du Ser. « Il faut flécher les investissements d’avenir vers les instituts d’excellence et les projets innovants, comme le stockage d’électricité. Là encore, sans surprise, les représentants des candidats souhaitent l’aide à l’innovation et à l’outil industriel, mais avec peu de détails. Tout comme sur le financement des ENR, les bioénergies ou l’industrialisation des filières, il faudra encore attendre quelques semaines pour obtenir clairement les propositions de la plupart des candidats.