Les diarrhées néonatales touchent en moyenne 20 % des veaux en France, dans les élevages laitiers et allaitants. Derrière cette moyenne, on trouve des élevages quasi indemnes, quand d’autres connaissent des situations épidémiques. Ces affections qui touchent des animaux très jeunes engendrent une déshydratation importante, accompagnée d’acidose, de perte de reflexe de succion et de divers troubles métaboliques.
Les diarrhées néonatales peuvent entraîner des mortalités importantes : on estime que 6 % des veaux laitiers atteints de diarrhées néonatales en mourront. Ce pourcentage est aussi important dans les élevages allaitants (mais très variable, selon la thèse de doctorat d’Elodie Messand, Vetagrosup Lyon). En tout état de cause, en France, selon les données de l’observatoire Mortaliveau (Idele, Oniris, Interbev), les diarrhées représentent la deuxième cause de mortalité néonatale, juste après les mortalités au vêlage.
Conséquences sur les performances zootechniques
Les animaux sont généralement traités par fluidothérapie et nécessitent parfois un traitement antibiotique. Mais, même lorsqu’ils sont guéris, ces affections survenues dans leur tout jeune âge pèsent longtemps sur leurs performances zootechniques. Ces conséquences néfastes ont pu être objectivées par plusieurs études de cohortes (études de suivi de la santé sur des milliers d’animaux d’un même âge).
Une étude américaine sur 2 200 génisses d’une même ferme a pu comparer les données de performances et de santé des génisses qui avaient eu une diarrhée au début de leur vie et celles des animaux indemnes : les premières affichent un GMQ au sevrage inférieur en moyenne de 50 g, ont besoin d’un peu plus de doses d’insémination pour être gestantes, et, surtout, elles produisent en moyenne 325 kg de lait en moins sur leur première lactation.
En élevage allaitant, une étude sur 2 600 veaux a montré qu’une affection (diarrhée ou infection respiratoire) dans les premiers jours de vie engendrait en moyenne un poids inférieur de 16 kg au sevrage chez les animaux atteints.
Des veaux plus robustes si la mère est vaccinée
Il n’existe pas d’étude de même ampleur sur les veaux de boucherie, mais de récents travaux français (Veau 2+ de l’Idele) montrent que les performances des veaux dont les mères sont vaccinées contre les principaux agents des diarrhées et maladies respiratoires sont plus robustes et plus performants que ceux non protégés.
Si on veut estimer l’incidence économique réelle d’une diarrhée, il faut donc prendre en compte l’ensemble des coûts, directs et indirects : les traitements, le temps supplémentaire passé aux soins, le retard de commercialisation des petits veaux mâles, les kilos en moins au sevrage, les doses d’insémination en plus et un peu moins de lait la première année (soit 146,25 € par vache, avec 0,45 € par kilo de lait).
En production laitière, ces impacts peuvent être rapportés au coût d’élevage d’une génisse. Selon les données 2021 de l’organisme Littoral normand, élever une génisse jusqu’à son premier vêlage coûte 1 720 € à l’éleveur. Et ce n’est qu’après deux lactations qu’une vache devient « économiquement rentable ». Une bonne raison de produire les génisses les plus robustes possible !