60 millions d’euros de dégâts par an, c’est ce que cause le gros gibier ces dernières années sur les parcelles agricoles. Le sanglier en est le premier coupable même si 863 124 de ces ongulés ont été prélevés lors de la saison de chasse 2023-2024. Un chiffre en hausse de 9,2 % par rapport à la saison précédente, selon les données du Réseau Ongulés sauvages de l’Office français de la biodiversité et de la Fédération nationale des chasseurs.

Un vol de 5 minutes pour 8 hectares

La Région Grand Est fait partie des régions où les prélèvements de sangliers sont les plus importants. C’est aussi là, plus précisément en Moselle, qu’est apparue une technique nouvelle pour évaluer ces dégâts : l’analyse de photographies prises par drones.

Ces appareils, comme le DJI Mavic 3 utilisé par Yannick Henry, télépilote et estimateur du Fonds départemental d’indemnisation des dégâts de sangliers (FDIDS) de la Moselle (subtilité de droit local, c’est un fonds spécifique qui s’occupe de l’indemnisation des dégâts de sanglier), ont l’avantage de la rapidité et aussi de la précision avec leur module RTK.

En plein mois d’octobre dernier, un vol de cinq minutes a suffi pour couvrir une parcelle de huit hectares de maïs avant récolte par exemple, avec la prise de 225 photos. L’engin atterrit précisément à l’endroit où il a décollé grâce aux paramètres de vol enregistrés par le télépilote.

Ces clichés enregistrés sur une carte SD sont ensuite compilés en bout de champs par Yannick Henry pour obtenir une cartographie complète de la parcelle. Avec sa tablette en main, l’estimateur est capable de visualiser et de quantifier les dégâts de sanglier. Cette analyse servira de base pour l’estimateur pour rédiger son rapport sur l’ampleur des dégâts qu’il pourra adresser aussitôt à l’exploitant (démonstration en vidéo sur Lafranceagricole.fr et sur Agriflix.fr).

Le montant de l’indemnité n’est en revanche pas connu immédiatement. « Aujourd’hui, nous sommes en octobre. L’exploitant saura son indemnisation totale et définitive en juin. Dans les deux mois de l’estimation, il est indemnisé par rapport au prix d’acompte, comme le ferait une coopérative », souligne Yannick Henry.

Un investissement de 20 000 €

Lorsqu’un exploitant agricole signale des dégâts, l’estimateur décide, en fonction de la complexité ou de la superficie des zones touchées, si l’intervention par drone est nécessaire. Plus la parcelle est grande, plus l’usage du drone a son intérêt. Il existe quelques limites comme la pluie ou le vent à plus de 50 kilomètres par heure qui obligent le drone à rester au sol. Les vols d’oiseaux, le passage à proximité de branches ou de pylônes électriques appellent également l’estimateur à faire preuve de vigilance.

Bien que l’équipement, le logiciel et la formation des estimateurs aient représenté un investissement de 20 000 € au FDIDS 57, sa directrice Anne Dauendorffer estime qu’ils ont gagné en réactivité. Le drone et l’analyse qui suit permettent aussi « d’apaiser les discussions » et de « sensibiliser et d’alerter les chasseurs » sur les zones particulièrement touchées par les dégâts de sanglier. Du côté des exploitants agricoles, les retours sont aussi positifs, assure-t-elle.