Voilà maintenant une semaine que le reconfinement est en vigueur. C’est la stratégie qu’Emmanuel Macron a retenue, comme au printemps dernier, pour endiguer l’épidémie de coronavirus qui sévit actuellement en France. La situation a un air de déjà-vu, ou presque. Et lors de son allocution télévisée pour annoncer cette décision, le chef de l’État a précisé qu’il y aurait quelques adaptations car « nous avons appris des événements du printemps » et que « l’économie ne doit ni s’arrêter, ni s’effondrer ». Mais pourquoi a-t-il ajouté que « les exploitations agricoles continueront de fonctionner » comme les usines ou les entreprises du bâtiment et des travaux publics ?
Personne ne lui a rappelé que les agriculteurs français ont poursuivi leur activité pendant le premier confinement ? Qu’ils ont rempli leur mission première, celle qui consiste à produire pour nourrir nos concitoyens. Le président de la République devrait pourtant s’en souvenir : en avril dernier, il a visité une exploitation du Finistère, chez un producteur qui confine ses tomates dans une serre, pour saluer « ceux qui approvisionnent la France ». Puis il s’est rendu dans un supermarché de l’enseigne Super U pour « saluer l’engagement du personnel des magasins et de l’ensemble des salariés de la filière, qui poursuivent leurs activités depuis le début de la crise […] en privilégiant les productions locales ».
Tous ces discours sont-ils tombés aux oubliettes ? Oubliés ceux qui sont montés au front dans cette guerre contre le virus ? Malgré les critiques et attaques fréquentes dont ils sont la cible, les agriculteurs français vont une fois de plus répondre présents. Les vaches laitières vont continuer à produire du lait, les poulets et les porcs à grossir, les poules à pondre, le colza à pousser et les exploitants à terminer de semer leur blé. Et heureusement ! Sinon, comment les commerces dits essentiels pourraient-ils approvisionner les consommateurs français en produits alimentaires ? En les important ?
Espérons cette fois que le gouvernement saura s’en souvenir, alors que s’ouvrent les négociations commerciales entre la grande distribution et ses fournisseurs. Personne ne comprendrait que les agriculteurs et leur revenu soient une fois de plus étranglés. Surtout au moment où le ministre de l’Agriculture s’est assuré des services de Serge Papin, l’ancien PDG de Système U, comme médiateur pour renouer avec l’esprit des États généraux de l’alimentation : la juste répartition de la valeur entre les acteurs de la chaîne alimentaire. À lui de nous montrer qu’il est bien « focalisé sur le revenu des agriculteurs ».