Pour permettre aux acheteurs d’assurer la reproduction de leur cheptel et pour valoriser le travail des éleveurs naisseurs, Blonde Génétique, l’organisme de sélection et de commercialisation en race blonde d’Aquitaine, s’est tourné vers la vente virtuelle comme alternative au rassemblement physique. « La vente aux enchères de jeunes taureaux à la station raciale de Doux, dans les Deux-Sèvres, prévue le 2 avril dernier a été remplacée par une vente en ligne au plus offrant, avec soumission par pli cacheté », explique Jérôme Nègre, responsable technique et commercial chez Blonde Génétique.
Il s’agit aussi de l’option prise par l’association Blonde Pays d’Oc, chargée de la vente annuelle des génisses à Aussac, dans le Tarn. C’est d’ailleurs le lot des 72 génisses d’Aussac qui a initié le système de vente virtuelle, le 26 mars dernier.
Prise de risques récompensée
« Le bâtiment d’élevage, en location pour la vente, devait être libéré dans les délais impartis. D’autant qu’une trentaine de génisses étaient gestantes, indique Damien Blanc, responsable de l’allotement. Pour venir compléter les catalogues numériques, nous nous sommes lancés dans la réalisation fastidieuse des vidéos commentées pour chaque femelle, avant de les mettre en ligne sur Youtube. Puis les réflexions se sont portées sur le choix de la meilleure formule de vente. Le système sous pli cacheté s’est avéré le plus avantageux. »
« Le visionnage des animaux sur Youtube a remporté un franc succès et nous a permis de toucher plus de clients, en France et à l’étranger, estime Jérôme Nègre. Mais le décalage de la vente des taureaux de Doux d’avril à mai a engendré un allongement des pensions. Un coût réel de 200 à 250 € par animal a été répercuté aux éleveurs à la vente.
« À Aussac, 100 % des génisses ont trouvé preneur alors que six avaient été invendues l’an passé. Les vidéos ont profité à quelques génisses plus faibles, qui n’ont pas eu la comparaison à l’œil », indique Damien Blanc. Le prix moyen de la série s’est établi à 2 716 €, tandis que le record de vente a atteint 6 153 €. « Même sans l’euphorie des enchères à main levée, les résultats sont très satisfaisants. Les acheteurs ont su percevoir les qualités génétiques des bêtes. Néanmoins, huit génisses ont été retirées de la liste par des éleveurs craignant de se confronter à cette situation inédite. »
Chez Blonde Génétique, Jérôme Nègre a préféré « sécuriser » ses taureaux, en rehaussant le prix de base. Les RRJ, habituellement à 2 800 €, ont été proposés à 3 500 €. « Cela n’a pas empêché les acheteurs de miser haut, puisque la moyenne de vente a été plus élevée que les trois précédentes. Ces résultats ont conforté notre choix d’organiser la vente, à distance également, des taureaux de Casteljaloux, dans le Lot-et-Garonne, le 4 juin prochain. »
Lucie Pouchard