« Je jette mon lait. En même temps, je vois dans la presse des photos de rayons vides de produits laitiers. Ça me met en colère », dit Brenda Cochran, qui, avec son mari Joseph, gère une exploitation de 70 vaches laitières en Pennsylvanie, dans le nord-est des États-Unis. Sa coopérative lui a demandé deux fois de jeter son lait durant la première semaine d’avril 2020. Son mari a dû épandre ce qui correspond à environ quatre jours de production dans les champs. Comme du fumier.

 

À 1 200 kilomètres de là, le lundi 6 avril, Ryan Elbe ouvre à nouveau les vannes de son tank et regarde son lait se mélanger à la boue de West Bend (Wisconsin). Depuis le 31 mars 2020, il a jeté environ un demi-million de litres de lait. Les agriculteurs n’ont pas cessé de travailler depuis le début de la crise mais la demande habituelle n’est plus forcément au rendez-vous.

 

> Écoutez le témoignage de Ryan Elbe dans le journal Mild-West Farm Report

7 % du lait américain détruit

Les témoignages d’agriculteurs américains plongés dans la crise par le coronavirus Covid-19 se multiplient depuis le début d’avril. « Ils sont obligés de détruire des tonnes de produits frais qu’ils ne pourront plus vendre par la suite », explique le quotidien New York Timesdans un long article traitant de cette question le 11 avril 2020.

 

Selon DFA, une coopérative de 13 000 éleveurs, 7 % du lait produit aux États-Unis a été détruit en une semaine, rapporte le quotidien des affaires Wall Street Journal le 9 avril 2020. Sur les réseaux sociaux, des Américains, dont des agriculteurs, se manifestent pour réclamer le don de ces produits aux associations caritatives plutôt qu’une destruction. Désormais, la question est de savoir qui va payer le lait déversé.