Terres Inovia mène des essais depuis trois ans pour caractériser les variétés de colza vis-à-vis de leur vigueur, c’est-à-dire leur aptitude à se développer. Objectif : définir une classification variétale et apporter « un levier supplémentaire dans la lutte contre les aléas climatiques et les ravageurs ». Les semenciers travaillent depuis plusieurs années sur ce nouveau critère afin d’obtenir des colzas qui couvrent plus vite le sol et tolèrent mieux les attaques d’insectes.
La première année d’étude a montré que la variété a eu plus d’effet sur la vigueur au départ (pourcentage de couverture du sol à 3-4 feuilles du colza) que le lot de semences. Autres résultats : la vigueur à la levée est fortement corrélée à la vigueur au départ (lire ci-dessous), et le poids de mille grains des semences n’a aucun effet sur la vigueur de départ s’il est supérieur à 3,5 g.
« Réalisés à plus grande échelle (21 variétés avec trois témoins), les essais de la campagne 2019-2020 révèlent des différences significatives entre les variétés sur le critère de la vigueur au départ », souligne Arnaud Van Boxsom, responsable de l’évaluation des variétés chez Terres Inovia. Par exemple, les variétés LG Ambassador et LG Aviron se démarquent dans cette étude.
10 à 15 % d’écart
« Pour la vigueur au départ, on observe une différence maximale de 10 à 15 % de couverture du sol entre la variété la plus vigoureuse et la moins vigoureuse », chiffre l’institut technique. Un effet variété significatif est aussi observé pour la vigueur automnale, avec une « différence de couverture maximale du sol en fin d’automne de 12 % entre les groupes de variétés extrêmes ».
Mais il faut encore déterminer l’intérêt agronomique des colzas les plus vigoureux. « Une bonne couverture du sol au départ est-elle suffisante pour faire face aux morsures de grosses altises à l’automne ? », s’interroge Arnaud Van Boxsom. Et d’insister : « Les pratiques culturales (date et qualité de semis, travail du sol, matériel, fertilisation…) restent des leviers agronomiques importants, le choix variétal n’est qu’un critère de choix supplémentaire. » Par ailleurs, les profils de croissance et de couverture maximale sont différents selon les sites d’essais. L’effet de l’environnement (sol, climat et itinéraire technique) est donc très important.
« Une première classification des variétés testées par rapport à leur vigueur au départ et à l’automne devrait voir le jour prochainement », révèle Arnaud Van Boxsom, sachant que la plupart des variétés vigoureuses au départ le sont aussi à l’automne. Les essais sont reconduits cette campagne de façon plus élargie, avec dix partenaires (OS, chambres d’agriculture, semenciers…), ce qui permettra d’avoir une vingtaine de sites au lieu de huit jusqu’alors. Ces nouveaux essais permettront aussi de consolider des résultats de l’étude réalisée en 2019-2020 portant sur les différences variétales de comportement en présence des larves d’altises et de charançon du bourgeon terminal.
Isabelle Escoffier