À l’approche de la publication de la programmation pluriannuelle de l’énergie, dite aussi PPE, la filière du biométhane met un dernier coup de pression. Dans une étude à paraître à la mi-novembre, elle envisage une baisse des coûts de production de 30 % à l’horizon de 2025-2030. Un argument de poids pour convaincre l’exécutif de la future compétitivité de ce gaz renouvelable.

Bonnes pratiques et consolidation de filière

Pour montrer que la filière peut atteindre ce stade de maturité et viser l’objectif de 10 % de gaz renouvelable dans la consommation de gaz d’ici à 2030 — objectif inscrit dans la loi relative à la transition énergétique — les acteurs de la filière identifient des premiers leviers décisifs.

En effet, GRDF, GRTgaz, le Club Biogaz de l’ATEE et le Syndicat des énergies renouvelables (SER) ont élaboré une feuille de route dont les deux principaux piliers sont la consolidation d’une filière française du biométhane en structuration et la diffusion de bonnes pratiques.

De cette manière, le coût de production du biométhane pourrait atteindre 82 à 65 €/MWh en 2025-2030, soit une baisse de 30 % par rapport à la situation actuelle. En ce qui concerne les modèles agricoles autonomes ou territoriaux, ce coût pourrait être de 75 à 82 €/MWh.

10 thématiques à travailler

Les travaux de la filière du biométhane seront intégralement dévoilés à la mi-novembre. Elle s’engage d’ores et déjà à en communiquer les résultats lors de prochains comités stratégiques de filière « Industries des nouveaux systèmes énergétiques ». Cependant, elle communique d’ores et déjà sur l’identification de dix thématiques fortes sur lesquelles elle doit s’engager pour renforcer cette compétitivité.

Il s’agit de maximiser le pouvoir méthanogène des intrants (moindre temps de stockage des lisiers et fumiers, dates de récolte des cultures intermédiaires — Cive, etc.), limiter le coût des intrants, maximiser la valorisation du biogaz, renforcer la standardisation et la mutualisation, développer la formation des opérateurs et optimiser la maintenance, limiter les coûts de raccordement et du poste d’injection, bénéficier des effets d’échelle liés à la taille des unités, valoriser les unités sur une durée de vie prolongée, optimiser le coût et la structure du financement et enfin, limiter l’impact des facteurs exogènes induisant une potentielle hausse des coûts.

Des gains pour l’État, les consommateurs et les agriculteurs

En parallèle de cette analyse, l’étude de la filière met aussi en avant les externalités positives de la production de biométhane. Elle mesure même un gain pour l’État de 33 à 35 €/MWh, notamment grâce aux émissions de gaz à effet de serre (GES) évitées, à la diminution des coûts pour le traitement de la pollution des nappes et grâce à la création d’emplois.

Elle mesure aussi un gain de 21 €/MWh pour les consommateurs industriels et particuliers, lié à la production d’une énergie non variable et stockable et à la limitation des coûts de transport et de distribution.

Enfin, pour les agriculteurs, elle mesure un gain de 3 à 4 €/MWh par la diminution du recours aux engrais minéraux azotés.

Autant d’arguments qui pèseront fort dans la balance en vue des derniers arbitrages de la PPE. En effet, l’exécutif étudie une PPE très conditionnée par la politique nationale sur le carbone, plus précisément la stratégie nationale bas carbone, ou SNBC, qui engage le pays à réduire de 75 % ses émissions de GES à l’horizon de 2050 par rapport à 1990.

En ce qui concerne les orientations de la future PPE, le SER attend que cette programmation « apporte la visibilité nécessaire afin que puissent se concrétiser les emplois et les nouvelles opportunités industrielles qu’elle porte en germe ». Encore quelques jours avant d’en connaître la teneur.

Vincent Gobert