Selon un communiqué conjoint du ministère de l’Agriculture et de la Transition écologique, ce comité devait rassembler des représentants de l’APCA, de la FNSEA, de la Confédération paysanne (CP), de la Coordination rurale (CR), de la Fédération nationale des chasseurs (FNC) et du monde forestier. L’objectif de cette rencontre : traiter des dommages agricoles causés par le grand gibier, les sangliers mais aussi les cerfs et les chevreuils.
« Réduire de moitié les dégâts d’ici à trois ans »
Le nombre de sangliers abattus serait de plus de 750 000 sur la campagne de chasse de 2017-2018, contre 100 000 dans les années quatre-vingt. Les dégâts sont estimés à 30 millions d’euros, dont 85 % imputables aux seuls sangliers. Enfin, les surfaces détruites atteignent 20 000 hectares en grandes cultures et prairies. Alors que les agriculteurs sont exaspérés par ce fléau qui ne cesse d’empirer, le gouvernement a fixé un ambitieux objectif de « réduire de moitié les dégâts d’ici à trois ans ».
Syndicats minoritaires conviés
Les syndicats minoritaires agricoles, qui ne sont pas représentés à la commission nationale de la chasse et de la faune sauvage (CNCFS), sont conviés à ce comité. « L’État doit imposer des règles strictes aux chasseurs, sous peine de sanction, et rejouer son rôle », martèle Jean-Michel Granjon, éleveur laitier dans la Loire, représentant de la Confédération Paysanne à la Commission nationale d’indemnisation (CNI).
Pour le syndicat, le sanglier doit être classé nuisible sur l’ensemble du territoire, l’agrainage doit être totalement interdit de même que l’affouragement, les tirs et les prélèvements doivent augmenter. Ceci « sur plusieurs années afin de créer les conditions nécessaires à des prélèvements intensifs pour ramener les populations à un niveau équilibré ». (1)
« Chasse à fric au détriment d’une chasse qui régule »
La baisse de moitié du prix du permis national de chasser décidée dans le cadre de la réforme de la chasse, laisse Jean-Michel Granjon sceptique : « Il faut vraiment ne pas connaître le monde de la chasse pour penser que ça baissera les populations de sangliers ! Les problèmes se règlent le plus souvent entre voisins. Les chasseurs qui viennent de loin veulent trouver du gibier. Le risque, c’est que se développe une “chasse à fric” au détriment d’une chasse qui régule. »
Autre sujet de préoccupation : la complexité du système d’indemnisation. « La procédure doit être simplifiée car beaucoup de dégâts ne sont pas déclarés », explique le représentant de la Confédération paysanne. Dans un communiqué du 6 septembre, le syndicat s’en prend à la FNSEA qui doit « assumer aussi sa responsabilité dans l’aggravation de la prise en charge de l’indemnisation des paysans depuis sa signature en 2012 de l’accord d’indemnisation des dégâts avec la FNC très défavorable ».
« Des barèmes sous-évalués »
La Coordination rurale (CR) demande aussi que le sanglier soit mieux régulé, mais dénonce le « double discours de la FNSEA. Ce n’est pas la CR qui a signé le protocole d’accord du 18 janvier 2012 avec la FNC, augmentant sensiblement les seuils d’indemnisation [de 76 € à 250 €, finalement le décret retiendra 230 €] en échange de trois malheureux point d’abattement en moins », indique un communiqué du syndicat du 31 août. Celle qui représente le syndicat à la CNI, Lydie Deneuville, explique : « Il faut renégocier les barèmes d’indemnisation qui sont sous-évalués. C’est un cadeau de 15 millions d’euros par an que les agriculteurs font à la FNC. Ça suffit ! »
Le syndicat demande une obligation de résultat de régulation à assigner aux fédérations départementales des chasseurs (FDC), sous peine de sanction, et une reprise en main de la régulation par l’État ;
- Que le sanglier soit classé nuisible sur tout le territoire et chassable toute l’année ;
- Une interdiction de l’agrainage, des importations et des lâchers de sangliers ;
- Une prise en charge intégrale du coût des clôtures par les FDC (entretien compris) ;
- Une indemnisation des dégâts au réel et un rabaissement des seuils d’indemnisation.
(1) Extrait d’une lettre ouverte de la Confédération paysanne au président de la République en date du 25 avril 2018.