« Nous sommes très surpris par l’ampleur que prend cette maladie », confie Guy Trouilleux, directeur du groupement de défense sanitaire (GDS) des Hautes-Alpes. Alors que les premiers cas ont été décelés sur quatre communes limitrophes, « les foyers sont désormais distants d’une trentaine de kilomètres », précise Stéphane Dutron, président de la Fédération régionale des GDS (FRGDS) de Provence-Alpes-Côte d’Azur.

La maladie frappe au hasard

Transmise par la bactérie Bacillus anthracis présente dans le sol et ingérée par les animaux au pâturage, la fièvre charbonneuse apparaît de manière très localisée. « Le développement de la maladie n’est pas dû à des mouvements d’animaux, ni à de mauvaises pratiques d’élevage », souligne Stéphane Dutron. « L’émergence de ces cas pourrait résulter d’une alternance de périodes climatiques sèches ayant fracturé le sol et remonté ces spores, et de périodes humides les ayant fait ruisseler en aval », complète Guy Trouilleux.

Si le temps d’incubation de la maladie est de cinq à six jours, la mort de l’animal survient quelques heures seulement après les premiers symptômes. « Le plus souvent, l’animal apparaît fatigué. Mais les éleveurs ont rarement le temps de s’en rendre compte » rapporte le président de la FRGDS Paca. Par ailleurs, les cas de transmission à l’homme restent rares. « Les éleveurs doivent malgré tout rester prudents et manipuler le moins possible les cadavres, qui excrètent la bactérie ».

Pénurie de vaccins

Bien que les antibiotiques soient efficaces contre l’anthrax, le meilleur moyen de prévenir sa propagation reste la vaccination, rendue obligatoire dans les communes touchées. Mais l’heure est à l’économie des doses. « Les vétérinaires ne disposaient au total que de 200 flacons d’avance pouvant traiter chacun 25 vaches ou 50 brebis, ce qui est insuffisant pour couvrir les troupeaux touchés. Des commandes ont été passées auprès de l’unique entreprise qui fabrique ces vaccins, située en Espagne. Les livraisons ne devraient intervenir que courant septembre. »

Sodiaal collecte le lait, pas Lactalis

Dans les rangs des victimes de la fièvre charbonneuse figurent des éleveurs laitiers, pour qui la commercialisation de la production est compromise. « Un lait issu d’un troupeau atteint par la maladie est impropre à toute consommation, et doit être pasteurisé avant d’être détruit, explique Stéphane Dutron. Parmi les deux transformateurs de la région, Sodiaal continue collecter le lait et accepte de le pasteuriser puis de le détruire. Pour l’heure, Lactalis ne collecte plus ses éleveurs touchés par l’anthrax ».

V. Gu.