Hier, le jeudi 28 juin 2018, s’est tenu à Paris dans des locaux de l’Assemblée nationale, le colloque « Améliorer le bien-être des animaux d’élevage par la libération de l’information ». Nicolas Hulot est venu conclure les débats pour la plus grande satisfaction de Loïc Dombreval qui espère avant la fin du quinquennat, une loi ambitieuse pour les animaux.

Les caméras ne sont plus le cœur du débat

« Les débats ont réuni des personnes qui refusent parfois de dialoguer ensemble », commente Loïc Dombreval, député mais aussi vétérinaire de formation, après la rencontre. C’est lui l’auteur de l’amendement qui devrait encourager l’installation expérimentale et volontaire de caméras aux postes d’abattage dans les abattoirs. Il estime que la loi sur l’alimentation, récemment votée à l’Assemblée nationale, fait avancer la cause animale. Il ne veut pas considérer que ce caractère volontaire amoindrit son amendement. « Les abattoirs disent qu’ils vont le mettre en œuvre. »

« Libérer l’information »

Selon lui, les consommateurs, quant à eux, n’attendent pas que des caméras mais davantage d’informations sur les produits qu’ils peuvent acheter depuis l’origine de l’animal jusqu’à son mode d’abattage en passant par la manière dont il a été élevé et transporté. « L’étiquetage est une véritable attente, une garantie de transparence. Nous devons montrer que l’offre est diverse et ce qu’apporte chaque mode de production. La décroissance de la consommation de la viande est due au manque de transparence. »

« Cela donne du poids aux idées caricaturales qui transforment les abattoirs en lieu de torture. Ceux qui vont chercher de la transparence par effraction, choisissent ensuite les images qu’ils vont montrer, les plus terrifiantes. Cela rejaillit sur la filière même si la grande majorité des acteurs travaillent bien. Toute la filière a intérêt à ne rien cacher. On ne peut cependant pas nier que la communication de L214 par sa radicalité a accéléré la prise de conscience sur le bien-être animal et la souffrance. Ce sujet est aussi éthique et moral. Il reflète notre humanité. »

« Sortir de l’affrontement »

« Cela ira toujours trop vite, trop loin pour ceux qui ne veulent pas bouger et trop lentement pour les radicaux de la condition animale, poursuit-il. Sortons de l’affrontement et de la dénonciation. Je dénonce les actes stupides contre les boucheries et les restaurants. Les extrémistes sont contre-productifs et desservent leur cause. On ne peut pas prôner la non-violence pour les animaux tout en étant violents contre les humains. »

« Une loi sur la condition animale »

Il faudra bientôt réfléchir à des mesures législatives, calmement, sereinement en cherchant « des accords sur fond de désaccord, comme l’a dit, à la tribune, la philosophe Corine Pelluchon. Il faudra un projet de loi pour tous les animaux, l’animal d’élevage mais aussi l’animal sauvage, l’animal de compagnie, l’animal de l’expérimentation. Un grand projet de loi sur la condition animale, peut-être sur son statut juridique. Il concernera, outre le ministère de l’agriculture, ceux de la justice, de l’intérieur, des transports, de la transition écologique de la recherche et de l’enseignement. »

M.-G. Miossec